Durant les fêtes de fin d’année, la rédaction des sports du Figaro vous livre une série sur les personnalités qui ont agacé en 2023. Pour des raisons diverses et variées. Ce jour, Joël Embiid.
Viendra, viendra pas ? Depuis 2016, Joël Embiid draguait la France et les Bleus. Le pivot camerounais évoquait publiquement son appétence pour l’équipe de France en 2018 et la «possibilité» de porter le maillot frappé du coq. «C’est un signal qui mérite d’être creusé», avait indiqué Patrick Beesley à l’époque. Et la Fédération française de basket (FFBB) a fait plus que creuser, se démenant pour lui faire obtenir la nationalité française. Pourtant, Embiid n’a aucun lien direct avec la France, si ce n’est le fait de parler couramment la langue de Molière, quelques membres de sa famille qui y vivent et… un goût pour l’OL, le Tour de France et la gastronomie. Un peu léger ? Pas quand on parle de l’un des meilleurs joueurs de la planète basket. Ça aide…
Quand le MVP de la saison cuvée 2022-23 obtient son passeport, en 2022, c’est donc avant tout en vue de son intégration à l’équipe de France et à ce qu’il pourrait apporter au pays par ce biais. Blessé et pas encore sélectionnable, il n’était toutefois pas disponible pour l’Euro. «Il aurait souhaité jouer cet été», affirmait Boris Diaw. Pas si vite : quelques semaines après, on apprenait que Joël Embiid obtenait la nationalité américaine. Et bien évidemment que Team USA le draguait sans vergogne. On sait que la sélection US ne manque pas de talent, mais s’il y a un poste où elle est moins forte qu’à d’autres, c’est celui de pivot. Avec le natif de Yaoundé, Steve Kerr n’aurait plus aucun problème ni aucun trou. Si tant est qu’on considère que Jaren Jackson Jr (Memphis), Bam Adebayo (Miami) ou DeAndre Ayton (Portland) sont des points faibles ! Anthony Davis (L.A. Lakers) et Draymond Green (Golden State) peuvent aussi évoluer au poste 5, sans oublier celui qu’on annonce comme le rival de «Wemby», Chet Holmgren (OKC).
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Toujours est-il qu’Embiid était encore espéré pour la Coupe du monde 2023. Encore raté. L’intéressé avait calé son mariage l’été dernier. L’optimisme était toutefois encore de mise à ce moment-là. Après le fiasco de Jakarta, la «fédé», lassée d’attendre, a fixé une deadline au Camerounais. Et la réponse est tombée : il a choisi les États-Unis, là où il est arrivé à 16 ans, là où son fils est né. Et aussi, mais ça, il ne l’a pas dit, là où il aura le plus de chance de décrocher la médaille d’or l’été prochain, aux Jeux olympiques de Paris.
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Quelle perte de temps… Ces dernières années, les dirigeants français ont pris le risque de froisser les cadres tricolores, notamment Rudy Gobert, qui évolue au même poste, pour rien. Sans parler du temps passé à l’aider à obtenir la nationalité française. Un camouflet ? Oui, il faut bien le dire. Embiid a pris les dirigeants tricolores pour des pigeons. C’est aussi et surtout le signe d’un personnage qui n’avait aucune empathie pour la France et dont on peut donc se réjouir de la non-venue. Évidemment, il faudra se le coltiner dans le camp d’en face en cas de duel franco-étasunien. On espère que vous le couvrirez de sifflets si vous avez vocation à faire partie des chanceux qui assisteront aux matches à Lille et/ou Paris l’été prochain…
Embiid a-t-il roulé les Bleus dans la farine ? «Non», assure Diaw, manager général de l’équipe de France masculine, comme Céline Dumerc chez les dames, assurant «respecter» ce choix mais rappelant que le joueur des 76ers «n’a cessé de nous dire qu’il voulait jouer pour nous… jusqu’à maintenant».
Soulignant «la tonne de travail» que ce dossier a occasionné pour les équipes de la FFBB, le président Siutat a encore plus de mal à cacher son amertume. «C’est clair que son passeport était lié à l’équipe nationale. Je pense qu’il s’est engagé à porter le maillot, je ne sais pas dans quels termes. D’où la grande déception par apport à l’énergie dépensée», souffle Jean-Pierre Siutat. Et le président de la fédération française d’ajouter : «On n’a jamais été le chercher. Il a envisagé de jouer en équipe de France. À sa demande, on a fait les démarches pour qu’il ait la nationalité. On n’a jamais été demandeur. Derrière, je suis déçu qu’on ait passé autant de temps et mis autant d’énergie sur un dossier qui n’aurait jamais dû être initié. Pour moi, c’est un sujet qui est derrière, on passe à autre chose», affirme-t-il au sujet de la défection d’un joueur qui pesait 33,1 points et 10,2 rebonds la saison passée.
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Un cador qui aurait pu faire passer l’équipe de France dans une autre dimension et former une raquette XXL avec Rudy Gobert et Victor Wembanyama, au moins le temps d’un été puisqu’il n’a jamais été question d’un engagement sur la durée. Joël Embiid a toujours laissé entendre qu’il n’y a que les JO pour le faire rêver, pas l’Euro et encore moins la Coupe du monde. La double peine, c’est donc que Team USA sera plus injouable que jamais, si LeBron James, Kevin Durant et autre Stephen Curry sont bien de la partie. «Les Américains seront archi favoris, mais ils l’auraient été sans lui, rappelle coach Collet. Avec Embiid en plus…» Merci pour tout Monsieur Embiid, donc. A priori, l’intéressé n’a pas prévu de rendre le passeport français qu’il a chapardé en vendant du rêve à la FFBB. Dommage.