Le Leinster, c’est évidemment un effectif bien huilé. Un collectif impressionnant, primant sur les individualités. Mais Le Figaro a tranché. Six joueurs « essentiels » de la province irlandaise sont passés au crible avant la finale face au Stade Toulousain samedi (15h45) dans l’antre anglais du club de foot de Tottenham.

Il est l’un des meilleurs piliers droits de la planète ovale. Sans contestation. Dans la lignée des illustres droitiers passés par le Leinster comme CJ van der Linde ou Mike Ross, Tadhg Furlong est un redoutable client. En mêlée fermée d’abord, où le joueur de 31 ans, et aux 125 kg sur la balance, excelle par sa force et sa tenue. À l’instar de Cyril Baille qui lui fera face, l’international irlandais (71 sélections) est également un pilier moderne, à la mobilité étonnante. Habitué à déplacer sa carcasse aux quatre coins du terrain avec toujours la même intensité, le pilier droit impressionne aussi par sa gestuelle ballon en main, son jeu au pied (!), rare mais déjà vu, et ses quelques actions dignes des plus grands trois-quarts. « Je fais du rugby depuis que j’ai quatre ou cinq ans. Je devrais être en mesure de réaliser une passe d’un mètre ou deux, non ? », avait-il plaisanté en 2022 après une belle passe sautée. Et puis Furlong, c’est aussi l’expérience. Avec notamment deux Grand Chelems remportés et quatre finales de Champions Cup disputées. Un client.

Un jeune homme de 23 ans avec les attitudes d’un vieux briscard. Après un match plein face à la Roumanie lors de la dernière Coupe du monde pour sa première sélection, McCarthy était entré en jeu lors de la défaite irlandaise en quart de finale face à la Nouvelle-Zélande. Brillant en club et aux entraînements, Andy Farrell, le sélectionneur du XV d’Irlande, n’avait pas hésité à le lancer d’entrée à Marseille face aux Bleus pour la première journée du Tournoi des six nations. Une rencontre où il a logiquement reçu le titre honorifique d’homme du match. Depuis, le jeune deuxième-ligne enchaîne et épate son monde. «Ah, Joe, c’est une machine, une grosse machine. Il a cette puissance physique assez rare qui lui permet de faire avancer son équipe, en attaque ou en défense. Ce qui est remarquable, c’est son attitude. Il veut toujours faire une différence dans le match», avait confié à L’Équipe Stuart Lancaster, ex-coach du Leinster et aujourd’hui manager du Racing 92. La légende sud-africaine Victor Matfield avait également ajouté à son sujet : «C’est un fantastique porteur de ballon». Féroce, dynamique et puissant, il pourrait être aligné au poste de numéro 4 après le retour de James Ryan.

Grand (1m93), costaud (106 kg) et casqué, Caelan Doris a un profil à la Grégory Alldritt. Dans le jeu, les ressemblances entre les deux colosses sont frappantes. Solide défenseur, gros porteur de balle, puissant et dévoreur de rucks, le numéro 8 irlandais fait partie des trois meilleurs à son poste sur la planète ovale, aux côtés du Rochelais et du All Black Ardie Savea. Véritable point d’ancrage de la province irlandaise, Doris est un joueur complet et rarement décevant. Le natif de Ballina, ville du nord-ouest de l’Irlande, s’est rapidement imposé devant son coéquipier Jack Conan en équipe d’Irlande puis avec le Leinster. Sélectionné à 38 reprises avec le XV du Trèfle, le troisième-ligne centre a déjà disputé trois finales de Coupe d’Europe/Champions Cup (2019, 2022 et 2023). Toujours finaliste déchu, nul doute que le redoutable numéro 8 fera du dégât pour tenter de décrocher la couronne tant convoitée.

Il n’est pas aussi fort et spectaculaire qu’Antoine Dupont. Il n’a pas non plus la passe d’Aaron Smith. Mais Jamison Gibson-Park est dans une forme… olympique. Débarqué en 2016 en provenance de Nouvelle-Zélande, le demi de mêlée n’a d’abord pas convaincu avant de monter en puissance. Devenu éligible du fait de sa résidence en Irlande, le joueur de 32 ans est, au fil des années, passé devant Conor Murray en sélection. Ces deux dernières saisons, Gibson-Park est devenu incontournable. Il est aussi ce formidable liant entre le pack et les arrières. Toujours juste dans ses prises de décision et dans sa vision du jeu, précieux par son jeu au pied et leader par son expérience, le Leinsterman avait reçu les éloges de son coéquipier Doris au micro de la chaîne TNTSports après le quart de finale victorieux face à La Rochelle. «Jamison est incroyable, s’étonnait encore le capitaine du jour. C’est un bonheur de jouer avec lui. Il maintient un rythme si élevé, il est si imprévisible tout en restant en même temps dans le cadre stratégique de l’équipe.»

Un troisième-ligne replacé à l’aile, avec un grand coup de pied, un sourire chambreur et un chignon toujours impeccable. Voilà une description, bien rapide, de James Lowe. L’ailier d’origine néo-zélandaise a eu plus de mal à s’imposer en sélection. Jugé «trop lent» pour son poste et peu rassurant défensivement, Lowe a essuyé quelques critiques. Avant de devenir indéboulonnable sur son aile. Offensivement, l’ancien des Chiefs de Waikato (Nouvelle-Zélande), est puissant, affichant 105 kg sur la balance. Bon après-contact, il brille surtout par son énorme coup de pied, qui soulage souvent ses équipes respectives. Lors du dernier Tournoi, James Lowe avait gagné 478 mètres. Il dominait alors le classement des joueurs ayant le plus couru. L’arrière-garde toulousaine devra se méfier.

Un joueur qui ne rate presque rien. Toujours impeccable, Hugo Keenan ne s’économise pourtant pas. Relanceur et solide dernier rempart, l’arrière irlandais est une valeur sûre dont le retour se faisait attendre. Blessé ces dernières semaines, il avait été préservé mais devrait bien postuler pour affronter Toulouse. Passé par le rugby à 7, l’international irlandais (38 sélections) peut également jouer à tous les postes de la ligne de trois-quarts.