Ils rejoignent une liste croissante d’États américains qui, comme eux, exigent une preuve de majorité pour regarder des vidéos pornographiques. Les États du Montana et de la Caroline du Nord viennent de perdre l’accès aux sites de la société mère de Pornhub, Aylo, qui détient également les sites X Redtube, Brazzers et YouPorn.
Cette décision a été prise par ce groupe, qui estime que l’obligation, qui lui est imposée depuis le 1er janvier, de vérifier l’âge de ses visiteurs «n’est pas la solution la plus efficace pour protéger les utilisateurs et mettrait les enfants ainsi que votre vie privée en danger». Le groupe Aylo a donc préféré se retirer de ces marchés plutôt que de se conformer à la législation, «en attendant qu’une véritable solution soit proposée».
Il y a un an, la Louisiane avait ouvert la voie à une vague de lois sur la vérification de l’âge qui ciblent les sites pour adultes. Huit États, dont la Virginie, l’Arkansas, le Mississippi ou l’Utah, ont depuis adopté des règles similaires. Toute personne visitant un site détenu par Aylo depuis ces États est désormais accueillie par un message vidéo et un texte signé de l’actrice X Cherie DeVille, expliquant que le site est inaccessible et accusant les élus à l’origine de ces textes de loi.
En Utah, les recherches Google pour « VPN » (un outil permettant de fausser sa localisation) grimpent en flèche après l’auto-blocage de Pornhub dans cet État en mai dernier. Même schéma dans le Montana (1,1 million d’habitants) et en Caroline du Nord (10,55 millions) avec une explosion de ces recherches pour regagner l’accès au site, selon le média américain 404.
L’ambition de ces lois est d’obliger les sites pornographiques à réellement réserver leur accès aux seuls adultes. Si les sites pornographiques sont en théorie interdits aux mineurs, dans les faits, la grande majorité se contente de demander aux internautes de cliquer sur une case pour certifier qu’ils ont plus de 18 ans.
Bien des gouvernements à travers le monde s’attaquent à ce problème. Mais ils se frottent à la difficile tâche de mettre en place des solutions de vérification de l’âge qui ne représentent pas un risque pour la vie privée. La vérification d’âge implique généralement soit une technologie d’analyse faciale qui estime l’âge de la personne, soit le téléchargement d’une pièce d’identité.
«Nous pensons que la solution la meilleure et la plus efficace pour protéger les enfants et les adultes est d’identifier les utilisateurs par leur appareil et d’autoriser l’accès aux contenus en fonction de cette identification», argue Pornhub sur sa plateforme.
En France, ce sont quelque 2,3 millions de mineurs, soit un sur trois, qui visionnent en moyenne plus de 50 minutes de contenu pornographique chaque mois, selon une étude de Médiamétrie. Une loi de 2020 impose donc aux sites pornos de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, mais n’explique pas par quel moyen. Au nom de ce texte, l’Arcom, le régulateur en France, est en procès depuis 2021 contre Pornhub et Xvideos, qui multiplient les recours.
En décembre dernier, la Commission européenne a ajouté Pornhub, Stripchat et XVideos à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la législation sur les services numériques (DSA). Elles rejoignent ainsi TikTok, X (ex-Twitter), Google ou Facebook (Meta), qui comptent chacune plus de 45 millions d’utilisateurs actifs dans l’UE. Elles seront donc soumises à des règles plus strictes, pour s’assurer notamment qu’elles mettent en œuvre des outils pour la protection des mineurs, ainsi qu’une meilleure modération de contenus.
Ces plateformes doivent se mettre en conformité d’ici le 20 avril. Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu’à 6% de leur chiffre annuel mondial, voire une interdiction d’opérer en Europe.
À lire aussiBruxelles renforce son contrôle sur les sites pornographiques Pornhub, Xvideos et Stripchat
Pornhub a cependant affirmé ne pas atteindre le seuil de 45 millions d’utilisateurs fixé par l’UE. Dans un message sur sa plateforme, elle maintient qu’«au 31 juillet 2023, Pornhub compte 33 millions d’utilisateurs mensuels dans l’Union européenne, en moyenne sur les six derniers mois».
À partir du 17 février prochain, l’ensemble des sites pornographiques, quelle que soit leur audience, seront soumis aux exigences du DSA. Leur régulateur deviendra l’autorité du pays européen où est établi leur siège social.