La chute du thermomètre annoncée pour les prochains jours fait-elle peser un risque sur nos approvisionnements en gaz et en électricité ? L’année dernière, les difficultés de production d’électricité nucléaire d’EDF, liées à la crise de la corrosion sous contraintes de ses centrales nucléaires et aux niveaux des barrages hydroélectriques particulièrement bas, faisaient craindre le pire. Le tout alors que l’Europe, historiquement dépendante des importations de gaz russe, n’avait pas encore complètement déployé ses «plans B». Qu’en est-il cette année, alors qu’une baisse brutale des températures est attendue sur la France dès ce week-end ? «Le renforcement des conditions anticycloniques favorise l’offensive du froid en France avec des températures en nette baisse situées plusieurs degrés sous les normales saisonnières», alerte Météo France sur son site. Même si, pour le moment, les températures attendues, toutes basses qu’elles soient, ne seraient pas anormalement basses.

Le ministère de la Transition énergétique se dit «vigilant face à cette vague de froid» et rappelle «les bons gestes de sobriété pour faire des économies d’énergie : je baisse, j’éteins, je décale». Le ministère se montre néanmoins rassurant : «À ce stade, il n’y a pas de risque identifié sur la sécurité d’approvisionnement en énergie. La disponibilité du parc nucléaire est bonne, la production d’énergies renouvelables également (nous exportons d’ailleurs beaucoup d’électricité), et les stocks de gaz sont remplis.» La vigilance reste de mise, alors que le chauffage représente le plus gros poste dans la consommation électrique des ménages.

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Dans le détail, début novembre, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) estimait qu’en ce mois de janvier «la disponibilité du parc nucléaire pourrait atteindre un maximum de 50 gigawatts (GW) en janvier 2024 (soit 6 GW de plus qu’en janvier 2023)». Un bon point alors que le nucléaire représente 65% à 70% de la production d’électricité française. De plus, le niveau de remplissage des stocks hydrauliques reste au-dessus des moyennes historiques. Les barrages fournissent plus de 10% de la production d’électricité. Ils sont ainsi jeu égal, un jour comme ce vendredi, avec les éoliennes. Le solde est lui fourni par le solaire (à mi-journée) et les centrales à gaz. En cas de besoin, le pays peut aussi compter sur ses deux centrales à charbon.

Les perspectives sont également rassurantes sur le front du gaz. Les stocks européens sont en effet remplis à 85,86% en moyenne, et les stocks français à 82%. De plus, la France, mais aussi l’Allemagne, ont nettement renforcé leurs capacités d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) et de regazéification pour l’injecter dans le réseau. S’il n’est pas question pour autant de brûler la chandelle par les deux bouts, ou de remonter outrageusement la température chez soi, la France est bien armée pour passer sereinement la vague de froid à venir.