«Encore une fois aucune anticipation, et grosse pagaille», «Une honte absolue !! 3 cm de neige et l’Île-de-France est paralysée !!», «Trois flocons de neige, un brin de verglas et hop !! Plus de 130 km de bouchons en pleine nuit et plus d’une quinzaine d’accidents…», «Et la prévention Monsieur le Ministre Clément Beaune ?» Le procès en manque d’anticipation n’a pas tardé après la grosse pagaille sur les routes d’Île-de-France la nuit dernière et encore ce matin, provoquée par d’importantes chutes de neige.

Depuis le siège de la Direction des routes d’Île-de-France (DiRIF), où il s’est rendu mardi à l’aube, Clément Beaune a fait le tour des matinales TV et radio, réfutant toute faute des services de l’État, renvoyant plutôt la balle à Météo-France. «L’épisode neigeux a été plus tôt et plus fort que ce qui avait été anticipé», s’est défendu le ministre délégué chargé des Transports sur BFMTV. Effectivement, Météo-France a reconnu «des quantités de neige tombées supérieures à ce qui était attendu». «Les modèles de prévision présentaient (lundi) des scénarios différents en termes de quantité et de localisation», indique le service au Figaro. «Tout au long de l’épisode, Météo-France a été en lien constant avec les autorités et les gestionnaires des réseaux routiers pour suivre l’évolution de la situation», ajoute-t-il.

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«Il y a eu un couac au départ au niveau de Météo-France», confirme un météorologiste souhaitant garder l’anonymat, mettant en cause le modèle sur lequel se basent les prévisions de l’établissement public, ainsi qu’ «un problème de réactivité». «La vigilance jaune neige-verglas a été activée très tard sur l’Île-de-France», regrette-t-il. Les Yvelines et l’Essonne ont ensuite été placées en vigilance orange tôt mardi matin, alors que la neige était déjà bien présente. Mais le même météorologiste refuse d’enfoncer Météo-France. «Il n’était pas facile de savoir quelle allait être la quantité de neige. Il est facile de dire les choses après et de tomber toujours sur le même organisme.»

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Selon Clément Beaune, une fois l’épisode neigeux démarré, les services de l’État ont été réactifs. «Dès que les chutes de neige ont été vues, (…) on a activé une cellule de crise ici et on a mobilisé à ma demande tous les moyens de salage et de déneigement dès le début de la nuit», a-t-il indiqué dans l’émission «Télématin» sur France 2. Soit 150 agents et 60 engins, qui ont commencé à tourner aux alentours de 22h, a précisé le ministre.

D’après le ministre des Transports, il aurait été inefficace de commencer à intervenir sur les routes avant. «Le salage et le déneigement ne se font pas de manière préventive, il faut que de la neige commence à tomber sur la route pour qu’il puisse y avoir une capacité d’intervention, sinon cela ne tient pas, les moyens ne sont pas efficaces», a-t-il affirmé sur BFMTV. «Pour être plus efficace, le salage doit se faire dès les premières chutes de neige, même faibles, afin de décoller la pellicule neige», corrobore La Chaîne Météo dans un article sur le sujet publié en 2021. Toutefois, «il aurait fallu peut-être avoir quelques traitements beaucoup plus préventifs pour éviter cette situation», a estimé le météorologue Patrick Marlière sur BFM Paris.

L’ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal, de son côté, y est allée de sa pique aux concessionnaires d’autoroutes. «Les sociétés d’autoroutes, avec leurs concessions juteuses ne sont même pas capables d’anticiper, d’envoyer du matériel pour dégager la neige et mettre du salage anti-dérapant ? Quel manque de respect. Autrefois même quand il tombait jusqu’à un mètre de neige, les routes et autoroutes étaient dégagées par les DDE», a critiqué celle qui officie désormais dans l’émission «Touche pas à mon poste». Problème, selon la Sanef, qui exploite notamment l’A13, les galères des automobilistes se sont passées «sur le réseau de la DiRIF», et non sur son propre réseau autoroutier.