Olivier Véran n’a pas été reconduit ce jeudi dans le gouvernement de Gabriel Attal. À 43 ans, il cède les clés du porte-parolat à Prisca Thévenot, jusque-là secrétaire d’État à la Jeunesse et au Service national universel (SNU). C’est la fin d’une aventure de quatre ans au sein de l’exécutif pour le Macroniste. Après un passage éphémère aux Relations avec le Parlement lors de la première équipe Borne, l’ancien socialiste avait hérité en juillet dernier du poste occupé par Olivia Grégoire. Un maroquin à haut risque auquel s’était ajouté le portefeuille du «Renouveau démocratique».
Mais en vérité, c’est surtout au ministère de la Santé et des Solidarités que le médecin hospitalier s’est fait connaître du grand public, lors du premier quinquennat. En février 2020, et alors que la première vague de Covid-19 approche, il remplace au pied levé Agnès Buzyn, propulsée candidate de la majorité à la mairie de Paris après le retrait de Benjamin Griveaux. Quelques semaines plus tard, la France passe sous cloche. La pandémie bouleverse les priorités du ministre, à peine installé avenue de Ségur. Dès son arrivée, tout s’enchaîne. La polémique sur les masques, les stocks insuffisants de l’État, les urgences saturées et surtout un premier confinement. Très vite, le Grenoblois devient l’homme des «points presse» quotidien, aux côtés du premier ministre Jean Castex. La crise sanitaire le propulse sur les plateaux télévisés, où il explique l’intérêt des gestes barrière et de la vaccination.
Olivier Véran avait sauvé sa peau de justesse en mai 2022 après la réélection d’Emmanuel Macron, alors qu’il était question de l’éjecter carrément de l’exécutif. Sorti des radars médiatiques aux Relations avec le Parlement, il revient un an plus tard dans la lumière du porte-parolat. Pas vraiment une promotion, se moquaient certains de ses collègues : après avoir dirigé l’épais ministère de la Santé, le quadra se retrouvait sans aucune administration sous sa tutelle. Celui qui a pris goût aux projecteurs pendant l’épidémie se sentait d’ailleurs à l’étroit dans son costume, et insistait sur le fait qu’il était également chargé du « renouveau démocratique », nébuleux concept accolé à l’intitulé de ses fonctions. Mais ses propositions, comme celle d’une convention citoyenne sur l’immigration, sont en général restées lettre morte.
Ces derniers mois, ce diplômé de Sciences Po Paris a néanmoins réussi à faire parler de lui avec sa tournée solitaire dans les villes dirigées par le Rassemblement national (RN). Parfois flanqué de ministres, il s’était rendu à Beaucaire (Gard), Hayange (Moselle) ou encore Perpignan (Pyrénées-Orientales) pour assurer le service après-vente des mesures gouvernementales. À la rentrée de septembre, il tente de marquer le coup avec son application «Agora», plateforme sur laquelle les ministres répondent face caméra à des questions posées par des Français. Manière de «tisser un lien direct entre (lui) et les citoyens», justifiait-t-il.
Après la fin de son aventure ministérielle, le député de l’Isère pourrait retrouver les bancs de l’Assemblée nationale, où siégera également son ancienne première ministre Élisabeth Borne. «S’il revient à l’Assemblée, il pourrait redevenir rapporteur général de la commission des affaires sociales», hasarde un conseiller ministériel. Une responsabilité qu’il a occupée entre 2017 et 2020, avant d’être nommé à la Santé. C’est dans l’Hémicycle, après l’élection de François Hollande en 2012, que le neurologue avait fait ses premiers pas en politique. Encarté au PS, il était alors suppléant de la socialiste Geneviève Fiorasco, promue secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur de Manuel Valls, au lendemain des élections législatives. En 2016, il croise la route d’Emmanuel Macron, dont l’«engagement pro-européen» le séduit. Un an plus tard, il se rallie au candidat d’En Marche! pendant la campagne présidentielle, qui en fait son référent santé.