Le sodium est-il l’avenir de la batterie électrique ? Le fonds de capital-risque du groupe Stellantis vient d’annoncer son entrée au capital de Tiamat, une start-up française qui mise sur la chimie sodium-ion des batteries. Stellantis cherche à diversifier son approvisionnement en batteries électriques en misant sur des chimies innovantes. Or celles de Tiamat ont l’immense avantage de se passer de lithium et de cobalt. L’entreprise créée en 2017 par des chercheurs est un « spin-off» du CNRS et du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives).

Après des années de recherche et développement, Tiamat lève aujourd’hui des fonds pour bâtir une usine dans les Hauts-de-France qui produira à terme 5 GWh de cellules de batteries par an. Le montant global du projet est de 500 millions d’euros. Mais l’entreprise va commencer par construire une première tranche de 0,7 GWh qui réclamera un investissement de 150 millions d’euros. «Un tiers de ce montant sera constitué de fonds propres, un tiers de dettes auprès des banques et de la BPI et un tiers de subventions promises par France 2030 et par les Hauts-de-France», explique Hervé Beuffe, le directeur général de Tiamat. Le montant de l’investissement de Stellantis n’a pas été dévoilé. Mais il ne lui permettra pas de devenir le premier actionnaire de l’entreprise, précise le patron de la start-up.

Tiamat ne part pas de zéro. Elle a déjà installé les cellules de première génération dans des appareils de bricolage griffés Leroy Merlin. Hervé Beuffe montre avec fierté l’emballage d’une visseuse électrique dotée d’une cellule fabriquée à Amiens. «C’est la première application de la technologie sodium-ion», explique-t-il.

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Tiamat n’en est pas encore aux batteries de véhicules. À terme, Tiamat et Stellantis espèrent que les batteries sodium-ion pourront remplacer les LFP (lithium fer phosphate) pour les véhicules d’entrée de gamme. Le gain de coût pourrait permettre de commercialiser des petits véhicules plus accessibles. Mais techniquement, ces batteries au sodium auraient l’inconvénient de procurer moins d’autonomie. «En revanche, elles se rechargeraient plus vite que les LFP», résume Pierre Maucaudière, le Battery System Senior Fellow, «Maître Expert», de Stellantis.

Tiamat prévoit de construire l’usine à la fin de l’année et de démarrer la production fin 2025. L’usine atteindrait ses pleines capacités en 2029. Tiamat n’est pas la seule entreprise à croire en l’avenir de la batterie sodium-ion. Plusieurs entreprises chinoises affirment qu’elles font déjà tourner des prototypes de batteries de ce type sans toutefois donner d’indication sur leur compétitivité.

De son côté, Stellantis a investi dans le développement de technologies alternatives aux chimies actuelles NMC (nickel manganèse cobalt) et LFP pour le stockage de l’énergie : les batteries à l’état solide avec Factorial Energy et la chimie lithium-soufre avec Lyten Inc. D’ici à 2030, le groupe prévoit d’atteindre 100% des ventes de véhicules électriques à batterie (BEV) en Europe et 50% pour les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers aux États-Unis. Pour atteindre ces objectifs, Stellantis doit sécuriser une capacité de batteries d’environ 400 GWh par an.