Quasiment éliminé de la Champions Cup, avec un seul petit point glané en deux rencontres, le Stade Français est condamné à l’exploit, ce samedi (18h30) à Dublin face à la redoutable province du Leinster et ses (très) nombreux internationaux irlandais. Une nouvelle défaite entraînerait l’élimination des soldats roses et l’échec d’une ambition continentale annoncée en début de saison.
Il semblerait que le nouveau manager, Laurent Labit, et son staff, ne fassent plus guère d’illusions. Face à une adversité plus que relevée, ils ont en effet décidé de faire tourner l’effectif. «Une rotation pour ménager l’effectif. Avec l’enchaînement des matches, il faut faire attention à la casse», a justifié en conférence de presse l’un des entraîneurs adjoints Morgan Parra.
Résultat, une équipe privée de la plupart de ses cadres (Briatte, Macalou, Ward, Marchant, Barré…) et une forte injection de jeunes joueurs. L’arrière Léo Monin (21 ans), le centre Noah Néné (19 ans) ou encore le troisième-ligne Andy Timo (19 ans, champion du monde U 20, remplaçant ce samedi et annoncé comme le successeur de… Macalou), sont ainsi lancés pour la première fois dans le grand bain.
Un choix risqué mais assumé. «Il n’y a pas meilleur endroit pour jouer au rugby. Et, quand on est compétiteur, on aime se confronter à ce qui se fait de mieux. C’est le cas du Leinster. Jouer à l’Aviva n’est pas donné à tout le monde. On insiste donc sur la notion de plaisir. Pour les joueurs, c’est une chance, pour les jeunes, une expérience magnifique. Il faut se lâcher, tenter, jouer notre chance à fond. Après, c’est sûr, si on n’est pas organisé, pas en place, comme contre Clermont, l’addition peut être lourde…, reconnaît Morgan Parra. Mais, pour les nouveaux, il doit y avoir zéro stress. C’est, je le redis, une chance d’attaquer à Dublin. On attend des jeunes de l’insouciance. Aux anciens de les encadrer le mieux possible.» Le All Black Brad Webber, l’Anglais Zack Henry, le Samoan Giovanni Habel-Küffner ou Kylian Hamdaoui en seront chargés.
Message reçu si l’on en croit les propos de Léo Monin en conférence de presse. «Je suis content de pouvoir jouer là-bas. On ne joue dans un tel cadre tous les ans. Ça va être une bonne expérience, espère le jeune numéro 15. C’est un cadeau de démarrer ce match, de se confronter à ce qui se fait de mieux en Europe. Ça permet d’apprendre, et je suis encore en phase d’apprentissage. Ce n’est donc que du plus. Ça va me permettre de voir autre chose, de découvrir un rugby différent du Top 14.»
«C’est un investissement pour l’avenir, confirme Laurent Labit, interrogé par Midi Olympique. Tout ce que les joueurs peuvent prendre sur cette rencontre, ils doivent le prendre. Ça va les faire grandir.» Ou les miner moralement si, d’aventure, la confrontation tournait à la boucherie avec une défaite-fleuve à la clé. «Ce sera dur, mais je suis certain que nous allons tous faire de notre mieux», réplique le deuxième-ligne sud-africain, Juan John Van der Mescht.
«On sait que ça va être compliqué de gagner à l’Aviva, mais on attend d’eux qu’ils jouent à fond pour ne pas avoir de regrets, complète Morgan Parra. Je ne dis pas qu’on va tout jouer pour se qualifier mais, au moins, pour retrouver quelques certitudes après ce qui n’a pas fonctionné face à Clermont. On est passé deux fois à côté en Champions Cup, contre Sale et Leicester. C’est embêtant. Cette fois, on espère exister et être compétitif. Pour voir où on en est face à ce qui se fait quasiment de mieux en Europe.»
Léo Monin, bravache, refuse de se contenter de cet objectif a minima. Et n’exclut rien. «Tant que mathématiquement la qualification reste possible, rien n’est perdu. On peut continuer à progresser.» Reste à espérer que les Irlandais ne douchent pas trop brutalement l’enthousiasme de la jeunesse…