L’histoire européenne de Toulon est intimement liée au Munster. En 2011, le club alors présidé par Mourad Boudjellal, avait réalisé le premier exploit majeur de son histoire dans la compétition en faisant chuter la province irlandaise sacrée en 2006 et en 2008, dans un stade Mayol incandescent (32-16). Prenant une belle revanche après le cinglant 45-18 reçu à l’aller en Irlande. L’avant-match avait été animé entre les deux équipes, avec le deuxième-ligne international Doncha O’Callaghan qui avait qualifié les Varois de «mercenaires».

Boudjellal n’en demandait pas tant pour balancer que le Munster – dont l’un sponsor principal est Bank of Ireland – était «une équipe financée par le FMI», l’instance internationale étant venue au secours de la banque au moment de la crise financière. Le président varois en avait même remis une couche dans les colonnes du Figaro en assénant : «La grande interrogation est de savoir si Dominique Strauss-Kahn (président du FMI à l’époque) va venir voir ses salariés. On a gardé deux places, au cas où…»

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le RCT est devenu le seul club à réaliser un triplé dans la compétition (entre 2013 et 2015), avant de rentrer dans le rang. Le Munster, de son côté, n’a pas remporté d’autres couronnes continentales, la suprématie irlandaise revenant au rival du Leinster qui a décroché quatre titres. Les deux formations se sont néanmoins recroisées en phase finale : les Varois, en route vers le doublé européen, avaient dominé les Irlandais en 2014 au Vélodrome en demi-finale (24-16), avant de s’incliner d’un rien (20-19) à Thomond Park en quart de finale de l’édition 2018. Et cette cinquième confrontation s’annonce capitale puisqu’aucune des deux équipes n’a encore gagné cette année après les deux premières journées.

Le Rugby Club Toulonnais a en effet reçu deux leçons de réalisme anglais en s’inclinant d’abord à Mayol face à Exeter (18-19) avant de chuter d’un rien à Northampton (22-19). «On perd les deux matches sur la fin et c’est terrible. On perd le premier à la dernière seconde et l’autre à la dernière minute. C’est difficile», a regretté le manager Pierre Mignoni sur RMC. Pas question de tirer un trait sur cette compétition et de se focaliser uniquement sur le Top 14, où le club est 5e. «On y croit encore parce qu’on a pris deux bonus et si on venait à gagner samedi contre le Munster, on peut se relancer pour une qualification. Donc on va jouer le match à fond, ce n’est pas fini», martèle le technicien varois.

En face, les Irlandais – actuels dixièmes de l’United Rugby Championship (quatre victoires, un nul, quatre défaites) qu’ils ont remporté l’an dernier – ne sont pas au mieux, non plus, en Champions Cup. Ils ont d’abord concédé à Thomond Park un nul aux allures de défaite contre l’Aviron Bayonnais (17-17) avant de s’incliner sur la pelouse d’Exeter (32-24). Méfiance donc. En face, les Varois ont besoin de retrouver confiance et efficacité. Après un mois de novembre sans-faute (quatre succès d’affilée), ils restent depuis sur quatre défaites en cinq matches toutes compétitions confondues.

En Champions Cup, cette fébrilité se paye cash. Et le temps presse. Pierre Mignoni reconnaît que son équipe «manque de maturité collective et ça s’est vu sur ces matches de Coupe d’Europe. Le niveau est différent et on voit la dynamique collective, l’expérience collective. On en manque mais on n’est pas loin de gagner ces deux matches.» Le dernier revers, concédé dimanche dernier sur la pelouse de la lanterne rouge Montpellier, a fortement agacé l’homme fort du RCT. «On a été absents des débats. N’insistez pas, je vais rester calme… On ne domine rien du tout. On est absents des débats pendant quarante minutes, quasiment dans tous les secteurs.»

Et d’asséner : «Le rugby est d’abord un sport de combat, surtout face à une équipe qui joue sa survie. Dès que l’arbitre siffle le coup d’envoi, il faut être là. Mais, on n’était pas là.» Ce samedi à Mayol, Toulon et le Munster jouent leur survie dans la compétition. Toute absence sera sévèrement punie.