Ils ont pris l’habitude de s’organiser ensemble. Il y a trois ans, Bertrand Dumont, reprenait le bureau d’Emmanuel Moulin, juste à côté de celui de Bruno Le Maire, au sixième étage de l’hôtel des ministres de Bercy. Désormais, il lui succède au Trésor. Au poste de directeur de cabinet du ministère, ce grand bosseur toujours courtois a mis en œuvre la politique du quoi qu’il en coûte puis les réponses françaises à la crise inflationniste. Ce lundi, Bertrand Dumont ne déménage que quelques mètres plus loin, pour prendre la tête d’une des directions les plus puissantes de Bercy, alors qu’Emmanuel Moulin part cette fois secondé Gabriel Attal à Matignon.
Ce haut fonctionnaire de 50 ans, passionné du XVIIème siècle, connaît Bercy, où il a effectué l’essentiel de sa carrière, mieux que personne. Il avait débuté le premier quinquennat d’Emmanuel Macron comme numéro deux de la garde rapprochée de Bruno Le Maire, l’avait quitté au bout d’un an et demi pour prendre le poste, quelques bureaux plus loin, d’adjoint de la directrice du Trésor. Ancien du cabinet de Christine Lagarde, il est aussi passé par la Commission européenne et le FMI. Au cours de ces pérégrinations, il a croisé plusieurs fois le chemin d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, dont il est devenu proche.
L’arrivée de Bertrand Dumont au poste d’adjoint de Le Maire avait provoqué un changement de décor : le bureau, débordant de toute part de dossiers à l’époque d’Emmanuel Moulin, était devenu soudain impeccablement rangé. Au mur, trois grandes photos en noir et blanc, avaient été choisies avec soin par le nouveau locataire. Elles dessinaient comme un portrait chinois de l’intéressé. Des toits du Perche pour ses racines provinciales, un escalier parisien les sphères du pouvoir, et des pierres vénitiennes son goût pour l’art ! «J’apprécie son humour british, sa rigueur technique et sa profondeur historique », décrivait, dans un triptyque parallèle, Bruno Le Maire.
Les deux normaliens – le ministre est entré à l’école en 1989, le nouveau directeur du Trésor cinq ans plus tard – et énarques ont régulièrement l’occasion de se rappeler leurs chères études lors des voyages officiels. La délégation de Bercy garde ainsi un souvenir ému de la visite du Parthénon avec le duo ! « Je ne suis pas économiste de formation et je m’appuie au quotidien, pour les sujets techniques, sur les spécialistes des équipes de Bercy, assumait Bertrand Dumont, agrégé d’histoire, spécialiste des agents du cardinal Mazarin. Cela dit, la définition des politiques publiques n’est pas une science. Bien connaître l’histoire de la France, la spécificité des territoires, être attentif aux idées, comprendre les gens, je crois que cela compte aussi beaucoup. »
Son entourage apprécie. Dans les sphères de la haute administration, qui peuvent pourtant cultiver une certaine nostalgie pour les coups tordus de Mazarin, les louanges semblent unanimes ! À son nouveau poste, Bertrand Dumont devra diriger les 1300 agents du Trésor, chargés de mettre sur pied les politiques économiques françaises. Il représentera aussi Paris, à côté du ministre, dans de nombreuses instances internationales. C’est Jérôme Fournel, le directeur général des finances publiques, qui lui succédera auprès de Bruno Le Maire.