«Je serais prête à payer le double du prix»: entrer au Louvre coûte 22 euros en plein tarif depuis lundi matin, une hausse de cinq euros qui ne semble pas repousser les touristes étrangers. Vers 10 h, dans le froid ambiant, Janelle Manders et sa fille patientent, comme une centaine de personnes, devant la pyramide avant l’ouverture du musée. Cette touriste australienne de 59 ans n’a pas fait attention à cette augmentation, attribuée à l’inflation et à l’ouverture élargie du musée six mois avant les Jeux Olympiques de Paris (du 26 juillet au 11 août). «Les collections sont inestimables, c’est une opportunité assez rare pour nous […] et je comprends que ce soit cher de faire fonctionner une telle institution», réagit cette comptable, déjà venue cinq fois à Paris et impatiente de revoir la statue de la Vénus de Milo.
C’est le premier changement de tarif en sept ans pour le plus grand musée de France et le plus visité au monde, avec 86.000 m² d’espaces ouverts au public et 8,9 millions de visiteurs en 2023, dont 68% de touristes étrangers. Cette hausse ne bouleverse pas le budget de vacances de Janelle, déjà de plusieurs milliers d’euros, dont 5000 pour l’aller-retour en avion.
Même son de cloche pour Benjamin Boudaud, Français d’Australie venu avec sa femme et son fils. «Une augmentation de cinq euros, ça ne chamboule pas nos plans», indique ce cadre dans un centre des congrès âgé de 33 ans. D’autant qu’en Australie, les activités culturelles sont plus onéreuses qu’en France, avance-t-il avant de nuancer : «Si le Louvre était aussi payant pour les enfants, ce serait déjà plus difficile».
En décembre, le musée soulignait qu’en 2023 40% de la totalité des visiteurs et 60% des visiteurs français étaient entrés gratuitement au Louvre. Sont concernés les moins de 25 ans, les chômeurs, bénéficiaires des minima sociaux, handicapés et accompagnants, enseignants, professionnels de la culture et journalistes.
Campé devant la pyramide dès 9 h, Ross ne s’offusque pas non plus de cette hausse, «pas vraiment importante» ni décourageante pour aller voir La Joconde de Léonard de Vinci. «C’est le premier musée que je voulais voir dans Paris», se réjouit cet Américain de 61 ans, qui travaille dans la philanthropie. En revanche, Andrea grince des dents. Cet Italien de 70 ans se dit surpris par le prix du billet qu’il a réservé la semaine précédente. «C’est l’augmentation de trop pour moi. Je trouve ça trop cher pour un bien culturel», boude cet employé dans le monde du théâtre, qui doute déjà de revenir un jour au Louvre malgré ses voyages réguliers dans la capitale française.
La hausse des coûts de l’énergie de 88% entre 2021 et 2022 et le projet d’étendre les horaires d’ouverture (avec une seconde nocturne potentielle chaque mercredi à partir d’avril) justifient un prix d’entrée plus cher, se défendait l’établissement dans un communiqué en décembre. L’institution, qui maintiendra sa jauge quotidienne de 30.000 personnes pendant les JO, disait en janvier «moins tabler sur des records de fréquentation» (10,2 millions en 2018) que sur «l’amélioration de l’accueil du public et de la qualité des visites» de ses collections. D’autres grandes institutions culturelles ont elles aussi récemment revu leurs tarifs.
Début janvier, la visite du château de Versailles est passée de 19,50 à 21 euros et, dans les établissements du Centre des monuments nationaux, le tarif a augmenté d’un euro. Au MoMa et au musée Guggenheim à New York, il faut dépenser 30 dollars au lieu de 25 depuis fin 2023.