«L’occident est en danger !» Costume sombre trop grand, chemise bleue, cravate satinée, souliers noirs et rouflaquettes. S’il a débarqué à Davos sans sa tronçonneuse, le nouveau président argentin Javier Milei a inauguré son discours ce mercredi au Forum économique mondial (WEF) par une provocation dont il a le secret. «C’est votre premier voyage à l’étranger depuis votre élection libre», avait souligné en l’accueillant sur scène Klaus Schwab, le président-fondateur du WEF, sans oublier de féliciter la sœur de Javier Milei pour sa contribution à sa carrière politique météorique.
La cause de tous les maux pour le président argentin? Le socialisme, «qui nous condamne à la pauvreté, à la misère, à la stagnation» et qui, selon lui, «a été responsable de l’assassinat de plus de 100 millions d’êtres humains». Pendant une quinzaine de minutes, Javier Milei a ensuite déroulé son discours ultralibéral à grand renfort de statistiques. Citant tour à tour les chiffres de la croissance depuis le XIXe siècle et l’histoire de son propre pays, l’Argentin a remis en cause les théories néoclassiques qui selon lui «ralentissent la croissance économique en détruisant les monopoles et la création de richesses». «La conclusion est évidente : le capitalisme et la liberté d’entreprendre sont les seuls outils pour mettre fin à la pauvreté partout dans le monde», a résumé Javier Milei, dans son style provocateur qui l’a amené jusqu’à la tête du pays d’Amérique latine au mois de novembre 2023.
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Le président argentin s’est ensuite attaqué pêle-mêle au féminisme et à l’écologie, «des idées toxiques qui ont progressé dans la société». «Si on ne lutte pas contre ces idées, notre seul destin sera plus de réglementation, plus de socialisme, plus de pauvreté, moins de liberté», a-t-il lâché dans un phrasé rapide. Javier Milei a ensuite invité les pays d’Occident «à se remettre sur le chemin de la prospérité, de la liberté, du gouvernement limité et du respect de la propriété privée».
Le président argentin s’est finalement adressé directement aux chefs d’entreprises réunis à Davos, en les enjoignant de ne pas avoir peur. «C’est vous les véritables héros, a-t-il scandé. L’État n’est pas la solution, c’est le problème.»
Son discours, conclu par un vitupérant « Vive la liberté nom de dieu !», a surpris une partie de l’auditoire, pourtant venu spécialement pour assister à un show. À l’issue, pas de séance de questions-réponses avec un dirigeant du WEF, comme c’est la tradition – même le premier ministre chinois s’y est plié mardi. Plutôt que de quitter la scène par les coulisses, Javier Milei a préféré descendre de l’estrade et s’offrir un bain, non pas de foule, mais de caméras, micros et autres téléphones portables.