Une conférence de presse façon de Gaulle diffusée depuis la salle des fêtes de l’Élysée pour «réarmer» civiquement et économiquement la France. Le grand «rendez-vous avec la nation» voulu par Emmanuel Macron n’aura finalement été honoré que par 8,7 millions de spectateurs mardi soir, une audience en baisse par rapport à ses précédentes interventions télévisées.
Après une année entachée par l’impopulaire réforme des retraites, l’épineuse loi immigration et un changement de premier ministre, le président de la République s’est confronté à un parterre de journalistes pour fixer son nouveau cap. Pendant plus de deux heures, Emmanuel Macron s’est attelé à dérouler les grandes orientations de son second quinquennat pour «rendre la France plus forte et plus juste».
Éducation, santé, travail… Malgré une kyrielle d’annonces, le chef de l’État n’a pas convaincu les deux tiers des Français (65%), selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Pour 62% de la population, le chef de l’État n’a été ni «à la hauteur des enjeux pour le pays», ni «proche de leurs préoccupations» (66%). Fidèles, les sympathisants de Renaissance constituent l’unique base électorale séduite par la prise de parole présidentielle (72%). Ainsi 59% des électeurs des Républicains, 65% des socialistes, 70% des insoumis et 86% des lepénistes ont exprimé leur insatisfaction. C’est l’un des plus mauvais scores d’Emmanuel Macron après une intervention télévisée.
Si la figure d’Emmanuel Macron concentre le mécontentement, les Français réservent un meilleur accueil aux annonces présidentielles. Sur les onze mesures principales énoncées mardi, neuf récoltent l’approbation d’une majorité des Français. En tête, la baisse de 2 milliards d’euros d’impôts pour les classes moyennes, saluée par 85% de la population. La promesse d’un «réarmement civique» a également trouvé grâce aux yeux des Français, qui sont 72% à être favorables au doublement des heures d’instruction civique au collège et 61% à encourager l’expérimentation de la «tenue unique». Seules exceptions, le «doublement de la franchise de 50 centimes à 1 euro sur chaque boîte de médicament» qui recueille 76% de réprobation et la «confirmation de la hausse de 10% du prix de l’électricité» (88%). Malgré leur popularité générale, ces mesures ne sont pas prioritaires pour 58% des Français, qui sont par ailleurs 62% à penser qu’Emmanuel Macron ne tiendra pas ses engagements.
Installée en contrebas du bureau présidentiel, la quasi-totalité du gouvernement était réunie dans la salle des fêtes élyséenne mardi soir. Affichant une cote de popularité insolente de sondage en sondage, le nouveau premier ministre conserve sa place de favori du gouvernement. Si 21% des Français restent indécis, 48% d’entre eux se disent satisfaits de la promotion de Gabriel Attal, contre 39% de mécontents.
Prise de guerre de la macronie, Rachida Dati, désormais ministre de la Culture, est loin de soulever le même enthousiasme. Alors que son entrée au gouvernement devait faire l’effet d’un coup d’éclat, le choix de l’ex-LR se révèle être un mauvais calcul politique. Seuls 30% des Français approuvent cette nomination, un score encore plus faible que celui de la sarkozyste Catherine Vautrin (31%). Rachida Dati ne suscite toutefois pas le même rejet qu’Amélie Oudéa-Castéra (52%), engluée dans une polémique sur la scolarisation de ses enfants dans le privé seulement quelques jours après son arrivée au ministère de l’Éducation nationale. Ce n’est pas moins d’un Français sur deux qui demande sa démission. «L’effet Attal» ne sera par ailleurs pas parvenu à enrayer l’impopularité de la nouvelle équipe gouvernementale qui récolte le contentement de seulement 30% de la population.