Une population qui s’étiole et vieillit, plus précaire que la moyenne… Alors que les agriculteurs font entendre leur colère et leur ras-le-bol en cette fin janvier, qui sont-ils vraiment ? Le Figaro esquisse le portrait-robot de l’agriculteur hexagonal d’aujourd’hui.

Un ménage agricole sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Les agriculteurs vivent pour certains dans une situation plus précaire que la moyenne, selon une étude de l’Insee parue en 2021, basée sur des chiffres de 2018. Pour comparaison, 13% des ménages français vivaient sous le seuil de pauvreté cette même année.

Une situation qui cache de grandes disparités, en fonction des tailles d’exploitations mais aussi des filières. Les éleveurs bovins et ovins sont ainsi les plus précaires, avec 25% des ménages sous le seuil de pauvreté. Les 10% des ménages agricoles les plus modestes ont un niveau de vie annuel inférieur à 9800 euros.

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Précaires, les agriculteurs sont aussi vieillissants, avec un âge moyen de 51,4 ans en 2020, selon le dernier recensement du monde agricole publié en 2021. À peine 20% des agriculteurs français ont moins de 40 ans. La moitié des exploitations sont dirigées par au moins un exploitant âgé de 55 ans ou plus, «qui a déjà atteint ou atteindra l’âge de la retraite dans la décennie qui vient». Parmi ceux ayant dépassé 60 ans, les deux tiers n’ont pas cherché ou identifié de repreneur.

Depuis 1970, le nombre d’exploitations agricoles a presque été divisé par quatre. On en comptait plus de 1,5 million il y a cinquante ans, contre moins de 400.000 aujourd’hui. À leur tête, il reste à peine 500.000 exploitants et co-exploitants. La part des exploitants agricoles dans l’emploi total ne cesse donc de régresser : 1,5% des actifs seulement en 2021, contre 7,1% il y a quarante ans.

Moins d’exploitations n’implique pas forcément moins de cultures ou de têtes de bétail : souvent, les terres sont reprises par les voisins en quête d’économies d’échelle. La surface moyenne par exploitation a ainsi augmenté de 50 hectares en cinquante ans. Elle est désormais de 69 hectares (contre autour de 180 hectares aux États-Unis).

Dans le même temps, les exploitations sont de plus en plus spécialisées. Les fermes mêlant cultures et élevage – modèle considéré comme vertueux sur le plan environnemental, les déjections des animaux pouvant servir à fertiliser champs et prairies – deviennent plus rares à mesure que les exploitations et les territoires se spécialisent. Seules 11% des exploitations s’inscrivent dans ce modèle, contre 19% en 1988. Les fermes ne faisant que de la production végétale sont devenues majoritaires (52% en 2020 contre 37% en 1988).

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Les jeunes agriculteurs sont toutefois plus diplômés que leurs aînés. Parmi ceux récemment installés (après 2010), 74% ont suivi une formation de niveau baccalauréat et 44% une formation supérieure (contre respectivement 48% et 22% pour les chefs d’exploitation des générations précédentes). Ces agriculteurs installés depuis peu sont le plus souvent à la tête de micro ou de petites exploitations et davantage portés sur les productions végétales comme le maraîchage.