«Le vaccin empêche la transmission ? Menteur.» Dans un tweet lapidaire, le rappeur Booba a pris pour cible Jérôme Barrière, un oncologue de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), très actif sur les réseaux sociaux.
Jeudi 18 janvier, le médecin a réagi à un tweet du rappeur qui diffusait une vidéo établissant un lien de cause à effet entre le vaccin contre le Covid et l’apparition de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Pour ce tweet. il a publiquement été remercié par Didier Raoult qui défend cette thèse, à contrecourant de la littérature scientifique sur le sujet.
«Vous partagez un contenu qui ne repose sur aucune donnée scientifique sérieuse, a alors alerté Jérôme Barrière en réponse à Booba. Votre compte est suivi par des millions de gens. Ne pensez-vous pas que vous devriez conserver une certaine réserve avant de donner votre opinion sur un sujet que vous ne maîtrisez pas ? Merci d’avance. Cordialement.»
Depuis, Jérôme Barrière a été traité d’«assassin» par Booba et des centaines de haters anonymes se sont ruées sur sa messagerie, a-t-il confié au Parisien . «90% des réactions à mes messages sont haineuses et critiques, explique-t-il. Parfois diffamantes.»
Jérôme Barrière, qui explique «passer de mauvaises nuits», s’interroge sur son rôle sur le réseau social d’Elon Musk. Il craint qu’un «illuminé», parmi les six millions de followers de Booba, se rende à son cabinet : «J’ai tapé dans un nid à frelons…», a-t-il écrit sur X (ex-Twitter). Mais le médecin, déjà menacé de mort en 2021, ne compte pas mettre un terme à sa lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux : «La liberté d’informer est en danger face à la volonté de désinformer et de nuire, explique-t-il. Mais se taire voudrait dire que l’obscurantisme a gagné. Le jeu en vaut plus que jamais la chandelle et il est indispensable de maintenir une présence sur les réseaux sociaux, que ce soit moi ou d’autres.»
En mars 2023, Bruno Le Maire avait soutenu Booba dans sa croisade contre les «influvoleurs». Il a «raison de rappeler les dérives des influenceurs», avait souligné le ministre. Jérôme Barrière estime, cet exemple à l’appui, que le gouvernement devrait aussi se mobiliser sur les questions de désinformation, notamment au sujet de la santé. «C’est de la responsabilité du gouvernement, non pas de (me) soutenir personnellement, mais de protéger la santé publique et de lutter contre la désinformation. J’attends de lui qu’il défende le projet de loi contre les dérives sectaires (…). La liberté d’expression existe, mais elle ne permet pas de dire n’importe quoi !» estime-t-il.