Depuis quelques années, la psychiatrie n’attire plus les étudiants en médecine. Cette année encore, 67 places sur les 547 proposées aux étudiants dans l’ensemble de la France n’ont pas trouvé preneur, soit 11,5%. Face à ce constat alarmant, les enseignants en psychiatrie ont voulu savoir quelles représentations sont susceptibles d’expliquer ce désamour en commandant un baromètre sur l’image du métier de psychiatre à l’institut CSA. «L’un des enseignements de ce baromètre est que la psychiatrie fait peur aux étudiants en médecine», affirme le Pr Olivier Bonnot, président du collège national des universitaires de psychiatrie (CNUP).

Ce sont ainsi près de quatre étudiants en médecine sur dix qui déclarent avoir peur de la spécialité. Une appréhension liée aux idées reçues et préjugés tenaces qui entourent la spécialité. «La stigmatisation pèse lourd sur le choix des étudiants en médecine. Ils considèrent que le traitement médiatique de la psychiatrie véhicule une image “caricaturale et superficielle” de la spécialité et contribue à “donner une image dangereuse des personnes concernées par un trouble psychique”», souligne Maeva Musso, présidente de l’association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues. (AJPJA). Cette vision négative de la psychiatrie est largement améliorée lorsque les étudiants ont accès à une formation qui les met en contact avec des personnes vivant avec un trouble psychique elles-mêmes.

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Autre enseignement du baromètre, pour certains étudiants devenir psychiatre signifie qu’on ne fait plus de médecine. Ce qui peut expliquer pourquoi pour 6 étudiants sur dix cette discipline est moins prestigieuse que d’autres. «Ce stéréotype est diffusé par les autres spécialistes qui nous voient souvent comme des super psychologues et non pas des médecins. Ce qui est totalement erroné. Notre prise en charge du patient est globale. C’est-à-dire que nous pouvons prendre en charge des pathologies physiques comme le diabète par exemple», explique Nicolas Doudeau, président de l’association française fédérative des étudiants en psychiatrie (AFFEP). Et surtout, insiste-t-il, être psychiatre c’est souvent travailler en équipe avec des infirmiers, psychologues, éducateurs, assistants sociaux, orthophonistes, psychomotriciens… «Nous avons également une ouverture vers d’autres disciplines non médicales, sur des sciences sociales», complète Nicolas Doudeau.

Cette remise en cause du caractère médical de la psychiatrie s’accompagne également d’une déconsidération de la recherche dans ce domaine. Pour la moitié des étudiants interrogés, la recherche en psychiatrie semble moins intéressante que dans d’autres domaines. «Or la psychiatrie, notamment avec le développement des neurosciences, est un domaine où la littérature scientifique abonde», rappelle le Pr Olivier Bonnot.

Pour combattre toutes ces idées reçues et susciter les vocations, le Collège national des universitaires de psychiatrie lance une campagne