Avec Sheila, Sylvie Vartan est la petite fille chérie de la variété française. Depuis 60 ans, ses airs célèbres, souvent enjoués, ont enchanté un public fidèle qui fredonne la trentaine de tubes que la vedette compte. Sur son compte Instagram, la chanteuse âgée de 79 ans a annoncé une tournée d’adieu. «C’est avec beaucoup d’amour et d’émotion que je vous retrouverai au Dôme de Paris pour ma tournée d’adieu.» «Il faut bien qu’un jour on ne fasse pas un concert de trop. J’ai grandi avec ce public, ça fait quand même 60 ans que je chante, vous vous rendez compte ?, a-t-elle déclaré dans «Quotidien» sur TMC. Les années passent et il faut savoir partir. Cela a été tellement vite, tellement violent et passionné à tous points de vue.»
Les concerts auront lieu du 8 au 10 novembre. L’artiste aux 40 millions de disques vendus devrait y interpréter ses plus grands succès. Pour combler les fans, et les autres, qui voudraient «fêter les adieux de Sylvain Vartan» (Quand j’étais chanteur de Michel Delpech), nous avons sélectionné sept titres qu’il faut avoir écoutés.
Au début des années 1970, c’est le couple star. Le rocker et la belle blonde. On ne les appelle pas avec leur nom, mais tout simplement Johnny et Sylvie. Mariés depuis 1965, les deux artistes ont offert à la variété française un enfant, «le roi David». En 1973, ils enregistrent une chanson sensuelle, charnelle et éternelle. Portée par une belle mélodie de Michel Mallory, «J’ai un problème» offre un duo sur mesure aux deux cadors. «Si tu n’es pas vraiment l’amour tu lui ressembles/Quand je m’éloigne toi tu te rapproches un peu». Derrière cette ode au couple, Johnny et Sylvie s’éloignent et se rapprocheront… de loin. Le couple divorce en 1980.
Née en Bulgarie, Vartan arrive en France à l’âge de 8 ans. Cet exil forcé la travaille. La chanson française aime ce genre d’histoire (Adieu mon pays d’Enrico Macias). À la fin des années 1960, Pierre Delanoë lui livre un texte personnalisé et universel, comme il a su le faire pour Claude François, Gilbert Bécaud ou Dalida. «De mes dix premières années, il ne me reste plus rien. Pas la plus pauvre poupée, plus rien qu’un petit refrain d’autrefois.» C’est beau, simple et efficace. La Maritza, du nom du fleuve bulgare (qu’elle célébrera aussi dans la jolie Nicolas), est un tube et clôt la plupart des concerts de la star qui retournera en Bulgarie dans les années 1990.
Drôle de chanson où Sylvie Vartan s’amuse des clichés, comme le fera Mylène Farmer vingt-cinq ans plus tard dans Sans contrefaçon. En 1967, elle signe un Comme un garçon jouissif. «Comme un garçon, moi je suis têtue et bien souvent moi je distribue des corrections, faut faire attention. Comme un garçon.» «Il y a des chansons qui vous collent à la peau», explique-t-elle sur scène. Un tube tout simplement. C’est fatal (autre titre très intéressant signé Barbelivien).
C’est l’histoire d’un miracle musical. Au début de sa carrière, elle reçoit cette très jolie chanson de Charles Aznavour. Paroles profondes, délicates et bien trouvée, La Plus Belle pour aller danser est un tube qui marque et change l’image de l’artiste, cantonnée aux reprises (Le Loco-Motion) ou chansons un peu bébêtes (Panne d’essence). C’est la chanson de la maturité : «Tu peux me donner le souffle qui manque à ma vie dans un premier cri de bonheur. Si tu veux ce soir cueillir le printemps de mes jours et l’amour en mon cœur.» Elle rentre dans la cour des grands.
Deux chansons «plaisirs coupables» : on écoute et on se régale. Sylvie Vartan excelle dans les chansons rapides qui «pulsent». Qu’est ce qui fait pleurer les blondes marque 1976 par sa légèreté. C’est Desperate housewives avec trente ans d’avance. Lio répondra à sa manière avec Les brunes comptent pas pour des prunes. Après avoir dit que L’amour c’est comme un bateau (ça tangue, ça donne le mal de mer), elle adapte cinq ans plus tard un tube américain 9 to 5 (Morning Train) où cette fois l’amour est comparé à une cigarette : on se laisse tenter, on prend du plaisir, on ne peut plus s’en passer, mais tout s’envole en fumée. «Fume, c’est du Vartan.»
Michel Sardou est un chanteur solitaire et clivant. Mais il sait parfois partager. Avec Sylvie Vartan, il enregistre trois titres. Meilleur ami de Johnny à l’époque, le «chanteur de Jazz» ne livre pas ses meilleures performances – ni en texte, ni en musique. Reste Les Balkans de Provence, petite chanson sur les racines : les Balkans pour Sylvie, la Provence pour Michel. À la différence que Sardou est né à Paris. Que ne faut-il pas inventer pour faire de la variété ?