Ce début d’année ressemble de plus en plus à un chemin de croix pour le gouvernement fraîchement nommé. En plus de devoir gérer la colère des agriculteurs, capable à tout moment de faire tache d’huile, il faut désormais jongler avec une détérioration du marché du travail confirmée. Selon les chiffres publiés par la Dares ce jeudi 25 janvier, 3.033.300 de personnes seraient sans aucune activité (catégorie A) en moyenne au 4e trimestre 2023 (France entière hors Mayotte). En augmentation de 0,2% (soit 4800 personnes en plus), il s’agit d’une deuxième hausse consécutive. En y ajoutant les individus en activité réduite subie (catégorie B et C) leur nombre grimpe à 5,4 millions. La progression y est plus marquée ( 1%, soit 54 000).

Ces chiffres sonnent comme une alerte pour la nouvelle ministre du Travail, Catherine Vautrin. L’ancienne présidente du Grand Reims nommée mi-janvier a hérité d’un périmètre élargi par rapport à son prédécesseur, Olivier Dussopt, avec l’ajout de la Santé et des Solidarités à son portefeuille. Des marges de manœuvre élargies qui doivent lui permettre de relancer la bataille pour le plein-emploi. Malgré la tendance actuelle, le chef de l’État refuse d’abdiquer sur la promesse phare de sa campagne 2022. Lors de son allocution, mi-janvier, le locataire de l’Élysée a lancé des pistes de travail, comme «un acte 2 de la réforme du marché du travail» attendu «au printemps prochain». Il a également expliqué vouloir élaborer pour les chômeurs «des règles plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées et un meilleur accompagnement».

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À plus courte échéance, la ministre devra se pencher sur l’accord, le cas échéant, entre syndicats et patronat sur le travail des séniors et les déroulés de carrières. La négociation s’inscrit dans la suite de la réforme des retraites et doit permettre d’atteindre «le plein-emploi des seniors». Concrètement, les mesures élaborées par les représentants des salariés et des employeurs, qui feront dans la foulée l’objet d’une ou de plusieurs lois, doivent accroître le taux d’emploi des 60-64 ans de 36,2% en 2022 à 65% «à l’horizon 2030». Un objectif très volontariste. Il lui faudra également, accompagner la montée en puissance du nouvel opérateur public France Travail (ex-Pôle emploi), qui a vu le jour le 1er janvier. Derrière le changement de nom, cette transformation doit permettre un meilleur accompagnement des allocataires du RSA mais également de faciliter le passage à l’embauche des petites et moyennes entreprises (PME).

Ce volontarisme semble toutefois insuffisant à court terme pour espérer inverser la courbe du chômage. Selon les prévisionnistes, le taux devrait continuer à remonter dans les prochains mois. Selon les plus pessimistes, comme la Banque de France, il pourrait même avoisiner les 8% fin 2024.