Les déconvenues s’enchaînent pour Boeing après qu’un de ses appareils exploité par la compagnie Alaska Airlines a perdu une porte en vol début janvier. Les autorités de régulation américaines (FAA) ont gelé ce mercredi 24 janvier l’augmentation de la production du 737 MAX, ce qui soulève des inquiétudes quant aux plans de croissance des compagnies aériennes et des fournisseurs dans le monde entier. Cette décision va toutefois permettre de lever l’immobilisation partielle des MAX 9 déjà produits une fois les inspections terminées.

La FAA a déclaré que l’ordre signifiait que Boeing pouvait continuer à produire des avions MAX au rythme mensuel actuel, mais qu’il ne pouvait pas l’augmenter. Elle n’a pas donné d’estimation de la durée de la limitation et n’a pas précisé le nombre d’avions que Boeing peut produire chaque mois. Les inspections sur les avions déjà produits vont permettre de déceler et corriger d’éventuelles failles dans la production, des compagnies ayant trouvé des boulons mal serrés sur leurs appareils après l’incident d’Alaska Airlines.

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La possibilité de reprendre les vols a été un soulagement pour les opérateurs américains du MAX 9, Alaska Airlines et United Airlines, qui ont été contraints d’annuler des milliers de vols et qui prévoient de remettre les avions en service respectivement vendredi et dimanche.

Toutefois, les experts ont déclaré que la réponse de la FAA aux contrôles de qualité «inacceptables» effectués à la suite de cette perte d’un bouchon de porte à 4800 mètres d’altitude le 5 janvier pourrait retarder certaines livraisons de nouveaux avions aux compagnies aériennes et nuire aux fournisseurs déjà ébranlés par une précédente crise du MAX et par la pandémie.

Cet effet d’entraînement a commencé à se manifester jeudi, lorsque Southwest Airlines, fidèle client de Boeing, a modifié ses plans de flotte pour l’année 2024 en indiquant qu’elle s’attendait à recevoir moins de livraisons d’avions 737 MAX. Boeing cherche à augmenter la production de sa famille de 737 MAX, la plus vendue, afin de répondre à la demande et de combler le fossé qui le sépare du constructeur européen Airbus sur le marché des avions à réaction.

Les analystes ont exprimé la crainte qu’une surveillance accrue des usines de Boeing à la suite de l’éclatement du bouchon de la porte du MAX 9 ne tempère l’augmentation de la production du MAX 8, plus petit et plus largement vendu, qui est une source essentielle de liquidités pour Boeing et de nombreux fournisseurs.

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Boeing a déclaré qu’il continuerait à coopérer «pleinement et de manière transparente» avec la FAA et qu’il suivrait les directives de l’agence dans le cadre des mesures qu’elle prend pour renforcer la sécurité et la qualité. En octobre, le PDG de Boeing, Dave Calhoun, a déclaré que la société prévoyait d’atteindre une production de 38 avions MAX par mois d’ici la fin de l’année 2023.

Le dernier programme-cadre de Boeing pour le 737, qui fixe le rythme de production pour les fournisseurs, prévoit une augmentation de la production à 42 jets par mois en février, 47,2 en août, 52,5 en février 2025 et 57,7 en octobre 2025, a rapporté Reuters en décembre. Toutefois, le rythme de production de Boeing peut être inférieur à celui du programme directeur du fournisseur.

La décision de la FAA pourrait avoir une incidence sur les projets de création d’une nouvelle ligne 737 MAX à Everett, dans l’État de Washington, d’ici le milieu de l’année 2024, après la fin de la production de l’emblématique 747 de Boeing dans cette immense usine. Cette ligne, qui devrait être la quatrième ligne 737 au total et la première en dehors de l’usine de Renton, également située dans la banlieue de Seattle, est nécessaire pour répondre à la forte demande.

Boeing a refusé de commenter tout impact potentiel sur la ligne d’Everett. Autrefois accusée d’être trop laxiste à l’égard de Boeing, la FAA a renforcé sa surveillance depuis que les crashs du MAX ont conduit à une interdiction de vol dans le monde entier, mais l’intervention de mercredi ouvre de nouvelles perspectives, selon les experts.

Les actions de Boeing ont chuté de 2 % dans les échanges avant bourse aux États-Unis. Les actions des fournisseurs Spirit AeroSystems ont chuté de 3,9 % et Howmet Aerospace de 3,3 % avant la cloche, tandis que le fournisseur britannique Senior a baissé de 3,3 % dans les échanges réguliers.