Avec Luis Enrique, les surprises deviennent la norme. Le coach parisien ne s’en cache pas. Il aime régulièrement changer de 11 de départ pour plusieurs raisons : surprendre aussi bien ses propres joueurs que l’adversaire, concerner le maximum d’éléments de son groupe tout en les faisant «sortir de leur zone de confort». Pour ce qui concerne le trio offensif, il y a aussi un autre paramètre dont le technicien espagnol parle moins : au-delà des indispensables Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé, il a eu bien du mal à installer un troisième larron, car aucun des prétendants n’a confirmé sur la durée. Et ce n’est pas celui qui partait avec la faveur des pronostics qui a finalement endossé ce costume de titulaire. En tout cas pour le moment…

Paris a en effet recruté Randal Kolo Muani et Gonçalo Ramos à prix d’or durant l’intersaison, 175 M€ tout compris. Si l’aile droite était promise à «Dembouz», qui n’a jamais déçu et s’entend comme larrons en foire avec Achraf Hakimi, le Français et le Portugais devaient batailler pour le poste d’avant-centre. Deux profils différents, une flèche talentueuse et un joueur de surface besogneux. Dans un autre genre, Marco Asensio peut également évoluer en «faux neuf», comme il l’a fait en début de saison. Kang-in Lee s’est aussi accommodé de ce rôle ponctuellement, comme à Reims (0-3). Sauf que Luis Enrique a choisi… Mbappé. On connaît pourtant le peu d’appétence du capitaine des Bleus pour cela. Christophe Galtier avait payé pour voir l’an dernier… C’est sans doute pour cela que «Lucho» se refuse à dire que «KM» évolue dans l’axe. «Il est libre», répète-t-il à l’envi. La vérité du terrain est toute autre. «Aujourd’hui, je joue dans l’axe», reconnaît le principal intéressé.

À lire aussiPSG-Brest : Bizot, Chardonnet, Lees-Melou, Del Castillo… Les tauliers de la surprise brestoise

Un positionnement qui a de nombreux atouts aux yeux de Luis Enrique, notamment en termes d’équilibre d’équipe. Ça permet aussi à Kylian Mbappé de se rapprocher d’Ousmane Dembélé. Pour ce qui est du côté gauche, c’est bien Bradley Barcola qui s’est imposé depuis plusieurs semaines. Recruté pour 50 M€ l’été dernier, le jeune (21 ans) ailier formé à Lyon monte en puissance. L’agneau de Newcastle a mangé du lion depuis ses ratés face aux Magpies, à l’image de sa prestation aboutie à Lens (0-2).

«Il est superbe dans ce qu’il fait, dans des secteurs de jeu qui sont très importants pour lui dans sa position, disait Luis Enrique après le choc face aux Sang et Or. En un-contre-un, il est presque inarrêtable. Il est très rapide, il a une bonne finition et il fait un bon travail défensif.» Barcola s’entend aussi de mieux en mieux avec Mbappé sur le terrain. Les deux flèches se trouvent les yeux fermés, comme on l’a vu sur le but du premier nommé à Bollaert, sur un service du second. «La confiance du coach, des coéquipiers, ça me libère, je ne peux que bien jouer comme ça», souligne l’ancien Gone, lui qui est arrivé à la toute fin du mercato et qui avait «des choses à rattraper» en début de saison. Le recentrage de Mbappé permet en outre à «Lucho» d’éviter de faire monter un milieu – le plus souvent Vitinha – pour compenser les déplacements de l’ex-Monégasque. Ça densifie l’entrejeu. Pas du luxe.

Ça pourrait d’ailleurs être bien utile face à Brest ce dimanche (20h45), lors de la 19e journée. Le milieu parisien avait souffert à l’aller (2-3). «Il y aura beaucoup de matches dans le match qui seront importants, notamment la bataille du milieu : on sait que c’est une équipe qui met beaucoup de monde au milieu, qui a cette maîtrise qui nous avait fait mal lors de la première demi-heure. Les débats s’étaient équilibrés ensuite», se souvient le coach brestois, Éric Roy, d’ailleurs pas perturbé par le positionnement de Mbappé. «Ça ne change pas grand-chose, assure-t-il. Après, on ne rencontre pas tous les week-ends un joueur aussi performant dans l’efficacité et qui peut faire mal sur une ou deux actions, comme à l’aller. On espère qu’il sera moins en réussite…».

À lire aussiLigue 1 : PSG-Brest, choc étonnant… et détonnant

Une chose est sûre : globalement, le chantier de Luis Enrique avance… petit à petit. «On sera beaucoup plus fort en février», disait-il après le nul à Dortmund (1-1), évoquant le 8e de finale aller de Ligue des champions face à la Real Sociedad (14 février). Au moins ponctuellement, le coach espagnol a trouvé la bonne formule devant, à moins de trois semaines de la Real Sociedad. Profondeur, percussion, efficacité… Ce trio a un peu de tout. En attendant les retours d’Achraf Hakimi, Kang-in Lee (sélection), Milan Skriniar, Nuno Mendes et Presnel Kimpembe (blessés), et sans parler d’éventuelles recrues dans les derniers jours du mercato hivernal, il n’a pas beaucoup de choix dans les autres secteurs. Ça profite à Fabian Ruiz au milieu, à la rustine Carlos Soler un peu partout et à Danilo Pereira, en charnière centrale.

Reste à savoir si le trio Barcola/Mbappé/Dembélé est appelé à durer. Ce qui signifierait que les deux recrues les plus chères de l’été dernier devraient continuer à s’accommoder d’un statut de remplaçant… «Le trio offensif le plus fort depuis le début de saison ? Je ne sais pas. Peut-être que oui, peut-être que non. Mais j’espère que non. J’espère que le trio le plus fort n’est pas encore connu, que ce soit eux ou d’autres joueurs, lâche Luis Enrique, s’attachant à garder tout son monde sur le pied de guerre. Je suis très content avec leur attitude. Mais si on veut viser tous les titres, on a besoin de compter sur tous les attaquants, qu’ils soient tous en mesure de sortir de leur zone de confort et qu’ils soient encore meilleurs. C’est la clé pour moi.» Simple effet de manche ? En attendant, la vérité sera sur le terrain. «Mes actes en diront plus que mes paroles», disait Luis Enrique en août. C’est plus que jamais d’actualité.