L’artiste John Bonafede a porté plainte le 22 janvier devant la Cour suprême de New York contre le Museum of Modern Art (MoMA) pour son inaction vis-à-vis des attouchements sexuels qu’il aurait subis lors d’une performance nue pour la rétrospective de 2010 Marina Abramovic : The Artist Is Present.

Lors de cette exposition, John Bonafede devait rester immobile et nu face à une femme – également dévêtue – dans un couloir pendant plus d’une heure. Les spectateurs devaient ainsi se frayer un chemin entre les deux interprètes afin d’accéder aux autres salles du MoMA. Ce serait dans cette zone de passage que l’artiste aurait été agressé sexuellement à sept reprises. Selon ses propos, cinq hommes lui auraient «caressé et tâtonné» les organes génitaux en «s’attardant un moment avant de passer à la salle suivante». Il rapporte avoir également été témoin de l’agression sexuelle de sa co-interprète, qui aurait été embrassée sans son consentement par un visiteur.

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John Bonafede a alors signalé quatre de ses présumés agresseurs à la sécurité, le cinquième ayant été directement repéré par les agents. Selon l’artiste, l’un d’entre eux était un adhérent du musée. Tous ont été expulsés de l’établissement. L’interprète avance également que le MoMA avait refusé de lui communiquer l’identité de ces personnes, l’empêchant ainsi de déposer plainte contre eux directement.

Il tient alors pour responsable le MoMA, qui n’aurait pas précisé au moment des faits qu’il était interdit aux spectateurs de toucher les artistes lors de l’exposition. «Il devrait y avoir des performances artistiques audacieuses comme celles-ci dans les grandes institutions, mais il faut s’assurer que les artistes soient correctement pris en charge et que leur sécurité soit garantie», a précisé Bonafede par l’intermédiaire de Jordan Fletcher, son avocat.

Lors de la rétrospective Marina Abramovic : The Artist Is Present (2010), 38 interprètes se trouvaient nus, immobiles, debout ou encore allongés sous un squelette. Ces artistes rapportaient déjà en 2010 une expérience très «éprouvante». Certains s’étaient notamment évanouis, d’autres auraient subi des remarques grossières. À la suite de ces propos, le MoMA avait ainsi déclaré être «bien conscient des défis posés par la présence d’artistes nus dans les galeries» et que des discussions avaient eu lien afin de «s’assurer qu’ils se sentent à l’aise dans les salles, à tout moment».