Après une année 2022 de tous les records pour la balance commerciale, en raison de l’explosion des prix de l’énergie et des difficultés d’approvisionnement, le millésime 2023 pourra paraître presque satisfaisant. Avec un déficit commercial attendu autour de 100 milliards d’euros, il révèle en fait la dégradation de la compétitivité française. La crise énergétique ne pouvant être jugée responsable de tous les malheurs hexagonaux.

«Le déficit sur les produits de l’industrie manufacturière hors énergie s’établirait à près de 50 milliards d’euros en 2023, soit 21 milliards de plus qu’en 2019. Il concerne une majorité de secteurs, et certains secteurs traditionnellement excédentaires (matériels transports, produits pharmaceutiques) ont vu leur excédent fortement diminué entre 2019 et 2023», écrit ainsi l’institut de conjoncture Rexecode, dans son rapport annuel sur la compétitivité .

Le déficit sur les échanges en biens s’est ainsi creusé de près de 47 milliards d’euros entre 2019 et 2023, dont 27 milliards pour le déficit énergétique et 21 milliards pour les produits manufacturés. Au sein de l’Europe, la France perd du terrain : sa part dans les exportations de la zone euro a diminué de 0,9 point pour les biens et services (-1 point pour les biens, -0,6 point pour les services) pendant ces quatre ans.

«La faiblesse de notre commerce extérieur sur les produits manufacturés reflète un manque structurel de compétitivité de notre base industrielle», jugent les économistes de Rexecode. La sentence semble sévère alors que l’exécutif a fait de la bataille pour la compétitivité l’un de ces mantras depuis 2017. Les chiffres l’étayent pourtant. La compétitivité-prix du pays s’est dégradée depuis 2019, autrement dit le coût des exportations françaises augmente plus vite que celles des autres pays européens.

«Les enquêtes de compétitivité hors prix indiquent, édition après édition, que les produits français sont jugés comme étant plutôt de bonne qualité mais aussi comme trop chers par rapport à cette qualité, ce qui renvoie à la question de la compétitivité prix», indique encore le rapport de Rexecode. Pour ces économistes, la seule solution afin de redonner un peu d’air à l’industrie française dans la compétition internationale serait alors une nouvelle baisse massive des prélèvements sur «les facteurs de production des entreprises : travail, capital, foncier et énergie».