Le 24 novembre dernier, la Fédération française de judo (FFJ) a levé le voile sur une grande partie de l’équipe de France appelée à disputer les Jeux olympiques 2024. En annonçant 10 de ses 14 judokas, les dirigeants de la discipline ayant rapporté le plus de médailles à la France lors des derniers Jeux de Tokyo en 2021 – huit dont deux titres (par équipes et Clarisse Agbégnénou en moins de 63kg) – ont émis le souhait de placer ceux-ci dans un certain confort. Sans le stress d’avoir à batailler pour décrocher le précieux sésame.
Un choix qui a engendré quelques critiques et autres frustrations, comme celle de Julia Tolofua en 78kg, qui pensait pouvoir faire le match plus longtemps avec la championne du monde Romane Dicko. Mais un choix assumé. Et lors du Paris Grand Slam qui se déroule du 2 au 4 février à l’Accor Arena de Bercy – ce qui signifie donc qu’il ne s’agira pas totalement d’une répétition en vue de Paris 2024 puisque l’épreuve de judo s’y tiendra à l’Arena du Champ-de-Mars -, certains et certaines joueront leur rêve olympique. Revue en détail des quatre catégories où tout reste ouvert.
Qu’il est loin le 31 juillet 2021 pour Guillaume Chaine, lorsqu’il conquit le titre olympique par équipes en apportant deux points à la France – un en quarts de finale contre Israël et l’autre en demies face aux Pays-Bas –. Depuis, le natif de Colombes a dû traverser un long tunnel en raison d’une rupture des ligaments croisés du genou survenue début 2022 et qui l’a écarté des tatamis en compétitions pendant plus d’un an. Un retour sans étincelle qui plus est, avec six victoires pour huit défaites. À 37 ans, clairement, Guillaume Caine, retombé au 134e mondial, aura besoin d’un véritable exploit à Paris pour espérer concurrencer Joan-Benjamin Gaba, le champion de France de la catégorie mais seulement 51e au classement olympique, ou Benjamin Axus, le favori (32e mondial) qui peine cependant à signer la performance qui mettrait fin au débat.
«Bercy comptera beaucoup. Il faut aller chercher une médaille là-bas et garder ma régularité, retrouver ma capacité d’être dans les cinq premiers.» Deux semaines avant le Paris Grand Slam, dont il détient le record de participations à égalité avec Audrey Tcheumeo (14), Axel Clerget n’a pas tourné autour du pot. Alors qu’il avait craint être définitivement hors course lorsqu’il ne fut pas sélectionné pour les derniers Championnats d’Europe, le champion olympique par équipes de Tokyo a vu son principal concurrent, Alexis Mathieu, louper l’occasion de frapper un grand coup en s’inclinant en quarts de finale, puis en repêchages. Une médaille de sa part aurait sans doute plié l’affaire. Il n’en est rien et entre l’expérience de Clerget (bientôt 37 ans et deux médailles de bronze mondiales) et la jeunesse de Mathieu (24 ans), tout reste ouvert.
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Sur le papier, Alexandre Iddir, vainqueur l’an dernier des Open de Prague et Madrid, parait un cran au-dessus des autres Français. Sauf qu’à 32 ans, son caractère, fort, ne semble plus trop en adéquation avec ses dirigeants, comme il l’expliquait lui-même dans les colonnes de Sud Ouest : «Je pense que, compte tenu de mon âge, la Fédé a la volonté de préparer des jeunes et en gros, mon projet m’appartient à moi et à moi seul. Je suis entré à l’INSEP en 2009, je ne suis jamais sorti de l’équipe de France entre 2013 et 2021, et je suis dans ma catégorie le seul à avoir fait des médailles individuelles au plus haut niveau international. Mais sur certains sujets, la Fédé m’a soutenu, sur d’autres non.» L’idée, à un moment, était d’ouvrir un boulevard dans la catégorie à Kenny Liveze, champion du monde junior en 2022 un an après avoir souffert d’un AVC. Mais depuis son passage chez les séniors, Liveze peine à confirmer et il n’est que 51e dans le classement olympique, soit derrière Aurélien Diesse (41e) et Alexandre Iddir (49e). Entre les trois, sauf très grosse performance à l’Accor Arena, le match pourrait se poursuivre encore quelques semaines.
Madeleine Malonga et Audrey Tcheumeo. À 30 ans, la première compte un titre mondial (2019) et deux couronnes européennes (2018 et 2020), sans oublier son titre olympique par équipes à Tokyo et sa médaille d’argent en individuel. À 33 ans, la seconde a été championne du monde en 2011 en France, et double médaillée olympique en individuel à Londres en 2012 (bronze) et Rio en 2016 (argent). Les deux figurent dans le Top 10 mondial, avec un petit avantage pour Tcheumeo (6e) par rapport à Malonga (10e). Cette dernière paie cependant sa contre-performance des derniers Championnats d’Europe, lors desquels elle avait été éliminée dès le 1er tour. Mais comme Tcheumeo n’avait pu faire mieux que 7e, la Fédération a décidé de ne pas trancher tout de suite, et ce Paris Grand Slam devrait faire figure de finale entre les deux. «Cela va être un moment décisif dans notre catégorie pour décrocher notre sélection», admet volontiers Madeleine Malonga. «C’est un moment que j’attends avec impatience. J’essaie de bien gérer la pression, d’avoir le plus possible de pensées positives. Après, évidemment, parfois le stress prend un peu le dessus quand je pense à l’enjeu qu’il va y avoir, mais je veux me concentrer sur moi.»