Notre envoyé spécial à l’Accor Arena

Clarisse, quelle saveur a ce succès sur le Paris Grand Slam ?Clarisse Agbégnénou : Ce titre fait du bien. Il n’a pas été facile à aller chercher. Je suis bien contente. Cela me permet de bien commencer l’année et de mettre un peu les choses au clair dans la tête de tous et surtout de toutes (sourire). Je suis fière d’en être arrivée là aujourd’hui, au terme d’une journée qui n’a pas été simple. Mais je sais que le chemin qui mènera au titre à Paris ne sera pas simple non plus et j’aurais besoin de journée comme ça.

Il était vraiment important à vos yeux de remettre les pendules à l’heure après votre 7e place en novembre dernier à l’Euro à Montpellier…Oui, très important. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester là-dessus. Je savais que j’étais très fatiguée à l’époque et qu’il me restait beaucoup de points à régler. Maintenant, ce n’est pas parce que j’ai gagné aujourd’hui que je suis à 100%. Cela valide simplement une progression, un travail qui a été fait et j’avais plus d’énergie.

Physiquement, comment vous êtes-vous senti durant la journée ?Je me suis senti vraiment bien. Cela fait deux semaines que je suis comme ça. Je suis arrivée ici avec beaucoup d’envie, en me disant que c’était maintenant qu’il fallait que je tape du poing sur la table avec le soutien du public. D’ailleurs, il a été encore plus extraordinaire que j’aurais pu l’espérer et je ne peux que les remercier. Je me dis que si aux Jeux j’ai un public comme ça pour me pousser, cela va être magique et la journée sera très belle. En tout cas, je ferai tout pour qu’elle le soit. J’ai hâte d’être aux Jeux et de voir comment cela sera. Mais pour revenir à votre question, là, j’ai hâte de prendre une bonne douche chaude. Et je pense que demain quand je vais me lever, cela va piquer.

On a le sentiment que vous aviez plus de vitesse dans votre judo qu’à Montpellier…Oui, cela se met en place. C’était largement mieux. J’étais moins fatiguée donc forcément, cela change beaucoup de choses. Je me sentais plus libre. Physiquement, je me sens plus forte, donc plus mobile. Ce n’est pas encore à 100% cela mais c’est en bonne voie. Il faut que je continue à travailler pour arriver au top sur les Jeux.

On commence aussi à s’habituer à vous voir remporter de longs combats, ce qui n’était pas le cas au début de votre carrière…Je m’adapte. Je suis un caméléon, et un phénix aussi qui renaît de ses cendres (rires). J’essaie de prendre mon adversaire avec les armes que j’ai. Si celles-ci consistent à la faire craquer mentalement, peu importe la durée du combat, j’y vais. J’ai envie de leur montrer que je ne m’arrête pas avant d’avoir gagné.

La prochaine compétition sera à Tachkent début mars. Qu’avez-vous envie de travailler d’ici là ?Déjà, je vais essayer de me reposer, cela ne me fera pas de mal. Je pense être sur une bonne lancée et si je peux ajouter encore un peu de rapidité, je devrais pouvoir réussir à finir quelques matches un peu plus tôt.

Maintenant que nous sommes passés en 2024, avez-vous le sentiment que le temps passe encore plus vite ?Il s’accélère, mais comme j’ai ma vie de maman, c’est surtout ma fille qui accélère, qui parle plus. Elle grandit et si c’est le cas, cela veut dire que les jeux approchent. Mais sinon niveau judo, je suis encore assez détaché et cela me va bien comme ça. Je pense d’abord au bien-être de ma fille et au mien, et je garde bien les pieds sur terre avant que ce soit la vague.

En demies et en finale ici, vous avez affronté deux récentes médaillées mondiales en juniors. C’est le symbole qu’une jeune génération arrive…Bien sûr, elles poussent et elles sont très fortes en moins de 63 kg. J’en ai vu certaines à l’entraînement et je ne suis pas surprise. Je sens qu’elles veulent me pousser dehors mais les filles, je suis encore là. Vous aurez votre temps mais pour l’instant, c’est encore moi et merci, car vous me faites progresser et aller vers d’autres horizons.