Jeu de chaises musicales entre les économistes. Quelques mois après la nomination de Gilbert Cette à la tête du Conseil d’orientation des retraites (COR), son remplaçant à la présidence comité d’experts sur le salaire minimum de croissance (Smic) est dorénavant connu. Il s’agit de Stéphane Carcillo. L’information a été officialisée dans un arrêté paru le 2 février. Le chercheur, contacté en décembre par l’ex ministre du Travail Olivier Dussopt, était jusqu’alors professeur affilié au département d’économie de Sciences Po et dirigeait également la division Emploi et Revenus de l’OCDE. Interrogé par Le Figaro, il s’est dit «honoré» par cette désignation.
Auparavant, cet économiste a occupé plusieurs postes, dont celui de conseiller auprès du ministre de l’Économie au début du mandat de Nicolas Sarkozy. À partir de 2017, il a été rattaché à Matignon au travers du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) et du Conseil d’analyse économique (CAE). En janvier 2021, il est notamment l’auteur, avec Pierre Cahuc et Camille Landais, d’une note appelant à repenser l’assurance-chômage. Parmi leurs préconisations, les trois économistes proposent de réformer le système pour le rendre davantage contracyclique -c’est-à-dire plus protecteur en période de contraction de l’emploi et plus incitatif lorsque la conjoncture s’améliore. L’idée sera reprise par le gouvernement dans une loi entrée en vigueur en janvier 2023. Dorénavant, la durée maximale d’indemnisation est réduite de 25% lorsque le taux de chômage passe sous les 9%.
Prendre la tête du groupe d’experts sur le Smic va donner une nouvelle visibilité à Stéphane Carcillo. Au-delà de son rôle économique, l’institution a une dimension politique. C’est elle qui est chargée de conseiller l’exécutif dans son choix de donner, ou non, un «coup de pouce» au salaire minimum tous les 1er janvier. Depuis sa création il y a quinze ans, en décembre 2008, à l’initiative de Nicolas Sarkozy, sa réponse a toujours été négative. Une régularité qui lui a valu de devenir la cible des syndicats et de certains partis politique. «Nous n’avons pas besoin de comité d’experts si c’est toujours pour dire qu’il ne faut pas de coup de pouce», avait ainsi lancé la numéro un de la CGT, Sophie Binet, à l’issue de la conférence sociale convoquée par Emmanuel Macron mi-octobre. Toutefois «son rôle va bien au-delà, pointe Stéphane Carcillo, il se penche également sur les déroulés de carrières et la question du pouvoir d’achat au niveau du Smic. C’est particulièrement intéressant dans ce contexte de débat sur la question des trappes à bas salaire».