Après les attaques du Hamas contre des civils israéliens, qui ont fait plus de 1160 morts le 7 octobre dernier, Emmanuel Macron avait rapidement annoncé un hommage aux victimes ayant la nationalité française, mais la date est longtemps restée en suspens. C’est finalement ce mercredi, à la mi-journée, que le chef de l’État présidera une cérémonie aux Invalides en mémoire des 42 citoyens français tués, mais aussi des blessés et des otages.

Cet hommage intervient quatre mois jour pour jour après les attentats. Si la présidence a temporisé, c’était pour se concentrer d’abord sur la libération des otages. «Nous avons considéré que le temps des négociations sur les otages était une priorité et qu’il ne fallait pas le fragiliser», explique l’Élysée, en précisant que «beaucoup de familles d’otages ne voulaient pas que l’hommage interfère dans les négociations». La cérémonie aura finalement lieu alors que «trois personnes sont aujourd’hui toujours disparues et présumées otages», indique la présidence.

Chaque Français tué sera représenté par une photographie à son nom. Les 55 familles attendues auront ensuite un temps d’échange avec Emmanuel Macron. La plupart d’entre elles viendront d’Israël par un avion affrété par la France et seront accompagnées durant leur séjour par la délégation interministérielle à l’aide aux victimes.

Soucieuse d’afficher une position d’équilibre dans le conflit, la présidence a annoncé lundi qu’un autre «temps mémoriel» pour les «victimes françaises à Gaza» aurait lieu plus tard, sans préciser la date ni les modalités. Une annonce saluée par La France insoumise, qui l’appelle de ses vœux depuis plusieurs mois. «Je crois qu’il faut rendre hommage (…) aux Franco-Israéliens et aux Franco-Palestiniens qui sont morts, que ce soit dans les crimes de guerre commis par le Hamas ou dans les crimes de guerre commis par Netanyahou», avait déclaré Mathilde Panot après l’annonce de cet hommage aux victimes françaises du Hamas.

La présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale compte bien se rendre avec trois élus de son camp à la cérémonie de mercredi: le coordinateur de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard, la vice-présidente de l’Assemblée nationale Caroline Fiat et le président de la commission des finances Éric Coquerel. Des choix qui se sont effectués «en fonction des agendas de chacun», a justifié Mathilde Panot. On notera l’absence dans cette délégation des élus insoumis qui ont suscité la polémique ces derniers mois, notamment Danièle Obono, qui avait qualifié le Hamas de «mouvement de résistance» . «On envoie les notables», clarifie un député insoumis.

Pas sûr que ce choix policé suffise à calmer la colère d’une large part de la classe politique. Le député apparenté LR Meyer Habib, fervent défenseur de la politique de Benyamin Netanyahou, n’a pas hésité à qualifier mardi matin sur Sud Radio «certains élus insoumis» de «crapules antisémites». «Imaginez-vous que l’on ait Bousquet, Papon ou Faurisson à la cérémonie du Vél d’Hiv’? C’est exactement la même chose», s’est-il rembruni, affirmant que «les Insoumis ne sont pas souhaités». Sans aller jusqu’à cette analogie, le président (Renaissance) du groupe d’amitié France-Israël estime que la délégation insoumise constitue «une insulte à la mémoire des victimes»(lire ci-dessous). «C’est scandaleux. Ces gens-là n’ont pas de figure, tempête le député MoDem Bruno Millienne. Ils ne peuvent pas dire ce qu’ils ont dit dans l’Hémicycle et en dehors, puis venir en faisant croire qu’ils ont la moindre compassion pour les victimes.»

Cinq familles franco-israéliennes endeuillées ont écrit au président de la République la semaine dernière pour qu’il interdise la présence des troupes de Jean-Luc Mélenchon à l’hommage national. «Entre indécence, absence de respect, relativisme et négationnisme, La France insoumise et ses porte-parole se sont illustrés par des propos gravissimes depuis le pogrom du 7 octobre», expliquent ces familles au chef de l’État, accusant les Insoumis de «porter une très lourde responsabilité dans l’explosion de la judéophobie» en France. Le député Meyer Habib assure avoir «parlé à beaucoup plus que cinq» familles et qu’«il n’y en pas une (…) qui souhaite la présence» de LFI.

L’Élysée se justifie en renvoyant au protocole qui encadre l’organisation de ce type d’évènements. «C’est une cérémonie républicaine, donc les parlementaires sont invités», répond la présidence, qui renvoie à un décret de 1989 fixant les règles pour ce type d’événement. Tout en glissant: «À chacun d’apprécier l’opportunité de sa présence, puisque les familles ont exprimé une forte émotion.»

Tout en reconnaissant «comprendre la réaction» des familles de victimes «au regard de toute la désinformation qui a été faite sur (leurs) positions depuis quatre mois», le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, pense que, «quand on rend hommage à des morts, la polémique peut être mise sur le côté». En oubliant de rappeler que c’est son mouvement qui a œuvré à la politisation des drames du 7 octobre le jour même où ils ont été commis.