Opération déminage. Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait prévu d’inviter début mars les syndicats à une table ronde après la présentation des résultats financiers de l’année 2023. Finalement, il les a reçus jeudi pendant trois heures. C’est qu’il prend très au sérieux la menace de grève des contrôleurs un week-end (du 16 au 18 février) des vacances d’hiver. Un préavis a été déposé par trois syndicats sur quatre (CGT-Cheminots, Sud-Rail et CFDT-Cheminots).

Le patron de la vieille dame ferroviaire se souvient parfaitement du mouvement social mené par la même catégorie de personnel lors des vacances de Noël 2022 qui avait laissé sur le quai 200.000 personnes à cause de l’annulation de centaines de trains. Si les contrôleurs se disent prêts à poser leur sac, c’est qu’ils estiment que les promesses faites à la fin du dernier conflit (meilleures rémunérations, recrutements et discussions sur la pénibilité et l’aménagement des fins de carrière) n’ont pas été tenues. « La direction a essayé de nous convaincre qu’elle appliquait les mesures promises en décembre 2022 mais en face, on lui a donné moult exemples de cas ou d’endroits où ce n’était pas le cas », expliquait mercredi Erik Meyer, secrétaire fédéral Sud-Rail.

Une position que ne partage pas Jean-Pierre Farandou : « Les engagements pris auprès des chefs de bord (NDLR contrôleurs) ont été tenus », affirmait-il avec force jeudi après-midi. Simplement, ces mesures ne sont pas forcément immédiates. Ainsi, la revendication d’avoir deux contrôleurs par TGV est aujourd’hui satisfaite à 87%. Cela montera cette année à 92% et à 100% en 2025. De même, dès mercredi, SNCF Voyageurs a annoncé le recrutement de 200 contrôleurs supplémentaires cette année en plus des 653 déjà prévus.

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Pour éloigner la menace d’un conflit social, Jean-Pierre Farandou a annoncé d’autres mesures qui bénéficieront aux contrôleurs comme à l’ensemble des agents de la SNCF. «J’ai décidé le versement complémentaire de 400 euros pour reconnaître le travail des cheminots», souligne le patron du groupe public. Cette prime exceptionnelle, qui sera versée en mars, s’ajoute à une autre de 400 euros déjà versée en décembre car les performances de l’entreprise sont bonnes. L’indemnité de résidence versée aux cheminots habitant là où se loger coûte cher sera revalorisée. « En Ile-de-France, elle sera de minimum 100 euros par mois. Cette mesure concernera 77.000 cheminots », indique Jean-Pierre Farandou. Enfin, 3000 promotions additionnelles vont être octroyées avec à la clé des augmentations entre 2% et 4%.

Cela suffira-t-il à éviter une grève en période de vacances scolaires ? Il est un peu tôt pour le dire. « Les agents auront à mesurer si ce qui est proposé correspond à leurs attentes ou non », estime-t-on à la CGT-Cheminots. La CFDT-Cheminots qui a salué les promesses d’embauches nouvelles attend aussi de consulter ses adhérents avant de se prononcer sur la levée du préavis également. On imagine que Jean-Pierre Farandou attend leur réponse avec impatience. Alors qu’il souhaiterait rester à la tête de la SNCF, un mouvement social ferait tâche dans son bilan par ailleurs plutôt favorable.