Dimanche dernier, 54,55% des parisiens ont voté en faveur de la «création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes». Excédé par cette mesure initiée par Anne Hidalgo, le maire de Saint-Aignan le Jaillard a taclé non sans ironie la maire socialiste sur Facebook en dévoilant un arrêté intitulé «Réglementation du stationnement payant pour les véhicules des conseillers municipaux de Paris». Les sept articles qui le composent sont basés sur le «Code de l’Absurdité Publique des Collectivités territoriales» écrit Ugo Planchet. Le maire explique sa démarche. «J’ai pris la décision de prendre cet arrêté humoristique, car il est difficilement réalisable, pour répondre à la mesure d’Anne Hidalgo » avant d’ajouter «C’est une réponse à l’absurdité par l’absurdité». L’édile de 31 ans veut en effet directement «rendre payant le stationnement des véhicules des conseillers municipaux de Paris» qui se rendraient dans sa commune.
En utilisant l’ironie, le maire, sans étiquette politique mais avec «une sensibilité de droite», annonce par exemple qu’une heure de stationnement sera désormais tarifée 18 euros pour les conseillers parisiens. Pour six heures ou plus, les élus parisiens devront même débourser la coquette somme de 225 euros ! À cela s’ajoute un «tarif spécial» s’ils décident de garer leur vélo de plus de dix kilos dans la commune du Loiret, un tarif triplé «le 29 février de chaque année bissextile».
L’élu assure cependant que son arrêté a très peu de chance d’être accepté par la préfecture. «Elle va le prendre en compte. Mais il sera retoqué à coup sûr. J’ai simplement voulu le faire car si le mien n’est pas applicable par la loi, pourquoi le leur le serait ?»
À 31 ans, le jeune maire de Saint-Aignan le Jaillard veut saisir ce coup de projecteur pour dénoncer «le mépris des parisiens pour la ruralité». La consultation parisienne, qui a coûté 400.000 euros, est totalement «hors-sol » selon lui qui dénonce l’obsession d’une élite souhaitant imposer «une écologie punitive, et non-incitative». Pour autant, l’édile déclare «ne pas être antiécologique» ayant pris tout un tas de mesures concrètes dans sa commune de 619 habitants. «Nous avons entrepris un grand travail de recherche de fuite d’eau nous permettant de faire l’économie de 46 000 mètres cubes d’eau, soit la moitié de notre consommation annuelle. Nous sommes en train de changer toutes les fenêtres de notre mairie et notre école publique».
Ugo Planchet aurait aimé participer à la consultation qu’il dénonce comme «la preuve de l’entre-soi parisien sur un sujet qui concerne tout le monde». Une prise de position qui fait réagir chez les socialistes, le maire déclare avoir reçu des messages «pas toujours agréables» de leur part. Anne Hidalgo lui répondra-t-elle en personne ? Le sujet des SUV concerne en tout état de cause la France entière et ne se borne pas à la capitale. Selon lui «c’est une juste réponse à l’oubli des campagnes, on se sent exclus alors qu’on est directement concernés par l’écologie». L’actualité lui donne d’ailleurs raison «la crise du monde agricole est l’illustration même qu’un fossé est en train de se creuser entre les villes et les campagnes» conclut-il.