Le festival de cinéma la Berlinale a annoncé jeudi avoir désinvité cinq politiques du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de la cérémonie d’ouverture, après des protestations dans le milieu culturel allemand.

Suite à une «discussion intense», jeudi «les directeurs de la Berlinale ont décidé de désinviter les cinq politiciens de l’AfD précédemment invités» à la cérémonie d’ouverture le 15 février, ont indiqué les organisateurs du festival dans un communiqué.

«Le festival a souligné à plusieurs reprises qu’il observait avec inquiétude la montée de l’antisémitisme, du sentiment anti-musulman, des discours de haine et d’autres attitudes antidémocratiques et discriminatoires en Allemagne», lit-on dans ce communiqué. Ces élus avaient été initialement invités au même titre que des représentants d’autres formations politiques, ce qui avait suscité des remous parmi les professionnels allemands du cinéma.

«En particulier à la lumière des révélations faites ces dernières semaines sur les positions explicitement antidémocratiques (de l’AfD, ndlr), il est important pour nous – en tant que Berlinale et en tant qu’équipe – de prendre position sans équivoque en faveur d’une démocratie ouverte», explique le duo de directeurs du festival, Mariette Rissenbeek et Carlo Chatrian.

Des centaines de milliers d’Allemands ont manifesté contre l’extrême droite ces dernières semaines. ce parti, qui a fortement progressé dans les sondages, a suscité l’émoi en janvier après qu’une enquête de presse a révélé que certains de ses membres avaient évoqué l’idée d’expulsions massives d’étrangers lors d’une réunion en présence de représentants de la mouvance identitaire radicale.

Plus largement, cette 74e Berlinale s’ouvre dans un contexte inflammable, après quatre mois de guerre au Proche-Orient. L’Allemagne a affiché un soutien résolu à Israël depuis l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas sur le territoire israélien et depuis le début de la guerre d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.

Mi-janvier, une campagne de boycott a été lancée par des artistes, dont la prix Nobel Annie Ernaux, contre les institutions culturelles allemandes, accusées de réprimer les voix palestiniennes. La Berlinale a assuré n’avoir pas eu de «signaux» d’une participation des réalisateurs de la sélection principale à ce boycott.