EDF a décidé de faire appel à Amazon Web Services (AWS), la filiale du géant américain du commerce dédiée au cloud, pour gérer une partie du système d’information consacré aux pièces de son parc nucléaire, a révélé mardi Le Canard Enchaîné. L’information a été confirmée par EDF, qui estime d’ailleurs que cette information est publique.
«Pour accompagner dans la durée le parc nucléaire en exploitation, EDF a décidé de moderniser une partie de son système d’information dit de gestion. Dans le cadre de ces travaux, plusieurs partenaires IT (informatique et technologies), dont AWS, ont été sélectionnés pour venir compléter l’offre des centres des stockages de données et des compétences internes», a indiqué l’électricien français.
Prise au printemps dernier, la décision vise à numériser et sauvegarder les références des pièces des centrales, de manière notamment à mieux gérer le stock de pièces disponibles et ainsi fluidifier la maintenance des réacteurs, dont l’État souhaite allonger la durée de vie, explique Le Canard Enchaîné. Il s’agirait de «gérer un catalogue de pièces rechange, de pompes… pour les centrales», tempère une source proche du dossier.
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L’hebdomadaire satirique s’alarme, lui, que ces données soient hébergées par une entreprise américaine – plutôt que, par exemple, par le français Outscale, filiale de Dassault Systèmes* spécialisée dans le stockage de données.
Cette démarche a été entreprise «dans le respect des exigences en termes notamment de cybersécurité, enjeu majeur pour le groupe», insiste EDF, qui estime que ce sujet n’est pas stratégique. Une ligne aussi soutenue à Bercy, qui précise que les règles concernant l’informatique souveraine s’appliquent aux administrations et non pas aux entreprises.
Néanmoins, selon les informations du Figaro, EDF a bien fait appel à Dassault Systèmes, notamment pour ses jumeaux numériques. Il s’agit de véritables doubles virtuels que le groupe a mis en place notamment pour optimiser la construction et la gestion de ses futurs réacteurs EPR2, dans le cadre du programme du nouveau nucléaire français.
Depuis son arrivée à la tête d’EDF en novembre 2023, Luc Rémont a fait de la numérisation du groupe l’une de ses priorités, avec la relance du nucléaire. Un point fondamental, qui a aussi permis de prendre conscience du retard du géant français de l’énergie dans le domaine. Une mise à jour s’imposait. Cette réforme se chiffrerait à quelque 860 millions d’euros, selon le Canard. EDF indique pour sa part qu’il ne fera «pas de commentaires ni sur le contenu du contrat, ni sur les dimensions financières, ces informations étant couvertes par le secret en matière commerciale et industrielle».
Une autre critique pourrait s’adresser au clan français : en dépit des déclarations politiques visant à soutenir le développement d’une offre tricolore capable de rivaliser avec celles des Américains, AWS, mais aussi Google Cloud ou Microsoft Azure, la France ne dispose pas encore de la surface suffisante pour présenter des alternatives robustes sur tous les plans.
*Dassault Systèmes est une filiale du groupe Dassault, propriétaire du «Figaro».