Les nouvelles du champ de bataille sont moroses. Les vidéos prises par les drones témoignent de la violence des combats. «Les commandants de terrain ukrainiens doivent prendre des décisions difficiles. Ils doivent rationner les munitions», raconte un responsable de l’Otan «préoccupé» par la situation. Alors que le conflit va entrer dans sa troisième année, rien ne semble pouvoir permettre à l’Ukraine de reprendre un avantage. «Nous aimerions qu’il y ait un matériel magique. Mais ce n’est pas le cas», poursuit-on alors que s’est tenue jeudi une réunion du «groupe de contact», c’est-à-dire des soutiens de l’Ukraine. Pour rationaliser les livraisons, des «coalitions» thématiques ont été mises en place à l’image de celle, copilotée par la France, pour fournir des canons d’artillerie. De son côté, le Royaume-Uni, avec la Lettonie, a annoncé vendredi la livraison «de milliers de drones». «Il s’agit d’une capacité vitale pour l’Ukraine», a assuré le secrétaire à la Défense Grant Shapps.

«Le Royaume-Uni va intensifier et rationaliser la fourniture par l’Occident de drones “first person view” (FPV) à l’Ukraine», a précisé vendredi le ministère de la Défense britannique. «Les drones FPV se sont révélés très efficaces sur le champ de bataille (…), car ils permettent à leurs opérateurs d’avoir une vue d’ensemble de la situation et de cibler les positions ennemies, les véhicules blindés et les navires avec des munitions explosives», a détaillé le ministère. 200 millions de livres (230 millions d’euros) seront consacrées par le Royaume-Uni à l’achat de drones produits «à grande échelle et à des prix abordables» pour l’Ukraine. Le détail des équipements ainsi que leur nombre n’a pas été précisé pour des raisons évidentes de sécurité. Mais le président Volodymyr Zelensky avait évalué le besoin de produire 1 million de drones pour l’Ukraine… Une nouvelle branche des forces armées dédiées aux systèmes sans pilote vient aussi d’être créée.

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Presque aucune opération sur le front n’est désormais possible sans drones. Après les TB2, des drones de longue portée qui ont permis de frapper l’arrière russe, l’effort porte désormais sur les minidrones capables de couvrir le front pour des missions «de reconnaissance avant l’attaque, pendant l’attaque, pour se désengager ou rechercher des morts», explique un expert des sujets de défense. Les drones FPV, pilotés pour certains directement avec un casque de réalité virtuelle, se révèlent efficaces pour mener des attaques kamikazes. «La qualité du télé-pilote est essentielle», souligne une source militaire française. La coalition «drones» copilotée par Londres devrait aussi organiser la formation des soldats, tout comme le soutien aux matériels. Aujourd’hui l’Ukraine utilise près de 70 systèmes de drones différents.

Derrière le concept des «drones» se cache une diversité d’équipements plus ou moins sophistiqués ou consommables, comme une alternative à l’artillerie. «L’Ukraine a besoin de quantité, mais le but n’est pas de perdre 10.000 drones par mois!», prévient l’expert. «Il ne faut pas abandonner les systèmes sophistiqués», conseille-t-il. Pour franchir les lignes russes, les drones doivent être résistants au brouillage. Une alternative est de les doter de capacités d’analyse autonomes portées par de l’intelligence artificielle, afin que le drone puisse trouver son chemin jusqu’à sa cible sans liaison avec l’arrière.