Après la panthéonisation de Simone Veil, en 2018, celle de l’écrivain et ancien Poilu Maurice Genevoix en novembre 2020 et celle de Joséphine Baker, en 2021, Emmanuel Macron va présider mercredi à celle du résistant d’origine arménienne Missak Manouchian. Trois personnalités et avec elles, trois pans de l’histoire de France mis à l’honneur. Le fil rouge, pour le président, est de choisir «des grandes figures héritières du siècle des lumières» explique son entourage.
Pour Manouchian, qui n’obtint jamais la nationalité française en dépit de deux demandes, cela sera une reconnaissance «de ceux qui étaient Français de préférence, et sont morts au nom des valeurs de la France», poursuit-il l’Élysée, ajoutant que la cérémonie sera également un hommage à résistance communiste et étrangère.
Le résistant d’origine arménienne fera son entrée dans la nécropole des Grands Hommes, accompagné de sa femme Mélinée. Tous deux sont actuellement enterrés au cimetière d’Ivry Sur Seine (94) et leurs corps seront exhumés afin de pouvoir être veillés, dès mardi, au mont Valérien. Sur le lieu même où Manouchian et ses camarades ont été fusillés par les Allemands, le 21 février 1944, un temps d’hommage populaire sera organisé. «Cela sera un moment de recueillement permettant à tous de manifester son respect», précise encore la présidence de la république.
La veillée sera suivie le lendemain d’une cérémonie plus officielle, en présence de la famille et de 1 200 invités, dont le premier ministre de la république d’Arménie, Nikol Pashinyan, et 600 scolaires. Le public quant à lui pourra assister depuis la rue Soufflot à la levée des corps, portés par des soldats de la Légion étrangère. Sur le parvis du monument, une scénographie mettra en exergue les 22 camarades de combat de Manouchian, dont les noms entreront aussi symboliquement dans le Panthéon. Des temps artistiques et des lectures ponctueront ce temps solennel.
Missak et Mélinée devraient rejoindre le caveau XIII, en face de la tombe de Joséphine Baker et près de celle de Maurice Genevoix. La plaque commémorative listant le nom des 22 camarades sera apposée dans le même caveau. Avec 81 autres personnalités, plusieurs autres figures françaises de la Résistance, dont Jean Moulin, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion ou Jean Zay reposent déjà dans le Panthéon. Imposant – 110 m de long sur une largeur de 84 m – le monument comprend l’ancienne église Sainte-Geneviève et une crypte pouvant accueillir jusqu’à 300 cercueils.
Des comités de soutien militent auprès du président – ultime décisionnaire pour les panthéonisations- pour l’entrée d’autres personnalités, dont Molière, l’avocate Gisèle Halimi ou la résistante et conservatrice du Jeu de Paume Rose Valland. Emmanuel Macron a déjà annoncé que la famille de l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter ne s’opposerait pas à ce «que son nom» entre au Panthéon. Les détails devraient encore être «précisés» avec elle, selon l’Élysée, et notamment la question de savoir si le corps reposera dans la crypte ou si l’entrée sera symbolique. En 2015, la famille De Gaulle avait ainsi souhaité que Geneviève de Gaulle-Anthonioz demeure au cimetière de Bossey, en Haute Savoie.