Le bras de fer continue entre le gouvernement et les agriculteurs. Pour calmer les tensions, le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé ce mercredi matin un nouveau de texte de loi pour «renforcer le dispositif Egalim», qui arrivera d’ici l’été. S’il assure que cela permettra une meilleure rémunération des agriculteurs, tous ne sont pas du même avis. C’est le cas du président de Lidl, Michel Biero, invité ce mercredi sur BFMTV : «On peut faire Egalim 4 mais tant qu’on n’aura pas dépoussiéré la loi de modernisation de l’économie ça ne servira à rien.»

Concrètement, cette loi de modernisation de l’économie (LME) régit les négociations commerciales entre les distributeurs et les industriels et ne concerne que les marques nationales. Mais pour le président de Lidl, il «s’agit d’une loi d’opacité qui sert au monde industriel». Pour illustrer ses propos, Michel Biero a apporté sur le plateau télévisé deux contrats : l’un de 400 pages conclu dans le cadre de la LME avec un industriel et un autre de 4 pages pour l’une de ses marques distributeurs, conclu avec l’agriculteur et l’industriel. La LME «est une loi obsolète, qui était peut-être bonne dans le contexte de 2008 mais qui ne l’est plus en 2024».

«Mes propositions sont simples : il faut réformer la LME et mettre un prix minimum garanti», propose Michel Biero. «Si on se met tous autour de la table, on peut définir un temps et par exemple dire que dans les trois prochains mois, nous ne pouvons plus acheter le litre de lait en dessous de 46 centimes, acheté aujourd’hui autour de 40-41 centimes à l’agriculteur, ça ne suffit pas», complète le président de Lidl. «L’éleveur s’en fiche de savoir ensuite combien je vends le litre de lait, il veut juste vivre de son travail.» Mais «sans volonté collective», «il faut que le législateur intervienne».

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Parmi ses autres propositions, le représentant du hard-discounter propose également «un prix de vente minimum pour les distributeurs», pointant notamment «du cochon à 1,96 euro», vendu la semaine dernière dans les magasins Leclerc. «Légalement, vous pouvez le faire, mais en tant que producteur de porc vous devenez fou lorsque vous voyez ce prix», déplore Michel Biero. S’il souligne les mesures mises en place par le gouvernement, le président de Lidl demande désormais «de la transparence […] pour éviter ce jeu de dupes».

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Un constat que partagent également les industriels, dont l’Ilec, qui représente les très gros industriels. «On a besoin de davantage de transparence», clamait ce mercredi matin sur BFM Business Richard Panquiault, porte-parole de l’organisation. Mais pour ce dernier, le point d’équilibre avec la grande distribution est «difficile à trouver» car «les distributeurs demandent un niveau de transparence qu’on ne peut pas leur donner car ils auraient accès à nos comptes». Avec leurs marques distributeurs, les enseignes pourraient ainsi adapter leurs prix en fonction de ceux des industriels. Si chaque filière met en avant ses revendications, les agriculteurs, eux, continuent de réclamer une meilleure rémunération pour leurs productions.