Jusqu’au bout le remplacement de Catherine Pégard aura été en forme de montagnes russes. Alors que la nomination en conseil des ministres de son remplaçant, Christophe Leribault, devait être annoncée le 14 février, il aura fallu patienter une semaine de plus. Le décret de nomination était prêt, l’affaire semblait bouclée. On ne sait qui, de Catherine Pégard, de Christophe Leribault ou du président de la République, a réclamé une semaine de délai supplémentaire. Quoi qu’il en soit, cette nomination du 21 février met un terme à un incroyable feuilleton.
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Nommée en 2011 par Nicolas Sarkozy, Catherine Pégard aura effectué trois mandats sous trois présidents de la République différents. Et même trois années d’intérim supplémentaires. Depuis le 4 mars 2021, elle était maintenue à la tête de l’établissement public alors que son âge – 69 ans – et les règles applicables aux nominations – pas plus de trois mandats – ne lui permettaient en principe pas de poursuivre. Elle sera donc restée près de trois ans sous un régime juridique certes prévu par les textes, mais poussé à son extrême – au point que la Cour des comptes s’en soit émue, parlant d’une « «situation inédite», pouvant être «assimilée à une forme de détournement de pouvoir». À l’usage, expliquait la Cour, la présidente est en train de faire un quatrième mandat, ce qui n’est pas prévu par le règlement. La situation était d’autant plus délicate que l’administrateur de Versailles avait quitté le navire pour rejoindre le musée national de la Marine, à Paris.
Lors du grand dîner donné à Versailles pour les 400 ans du domaine, en janvier, Catherine Pégard disait, en privé, avoir reçu l’assurance de rester à son poste jusqu’à la fin des Jeux olympiques et Paralympiques, soit le 9 septembre. Quelqu’un, si ce n’est le président de la République lui-même, avait bien dû lui donner quelques espoirs. À moins que la présidente sortante ne voulût pas se rendre à l’évidence ?
Elle laisse à son successeur un domaine restauré, avec 106 salles réouvertes, dont les Galeries de l’Histoire du château, le bassin de Latone, la galerie des Carrosses, le Grand appartement de la Reine, Maison de la Reine et récemment, la fontaine d’Apollon. Dans un communiqué, le ministère de la Culture précise qu’il reviendra au nouveau président «de veiller à la réalisation des travaux de mise en sécurité incendie du corps central du château», grand chantier qui donne des sueurs froides depuis l’incendie de Notre-Dame.
Christophe Leribault, 60 ans, quitte de son côté un musée dont il avait pris la tête en 2021. Il est attendu à Versailles le 4 mars. Il reste désormais à trouver son successeur!