Consulter un médecin serait-il devenu un luxe? C’est ce que sous-entend l’association de consommateurs UFC Que Choisir, qui dans sa dernière étude, alerte sur l’«envolée du prix des soins» en France. Cette flambée des tarifs, qui pénalise en premier lieu les plus modestes, s’explique notamment par la généralisation des «dépassements d’honoraires», ces tarifs supérieurs aux tarifs de convention de la Sécurité sociale. Plus de la moitié des médecins spécialistes y auraient aujourd’hui recours, selon UFC-Que Choisir.
Dans le détail, les données de l’Assurance maladie, compilées par l’association de consommateurs, montrent que les médecins spécialistes libéraux étaient 52% à appliquer un dépassement d’honoraire en 2021, quand ils n’étaient encore que 45% à y avoir recours en 2016. Les gynécologues en sont, de loin, la spécialité la plus friande puisque 70% des praticiens s’affranchissent des tarifs de base de la Sécurité sociale.
En 2022, les honoraires des gynécologues étaient en moyenne supérieurs de 20 euros au tarif de la consultation de base fixée à 30 euros. Les ophtalmologues ne sont pas en reste, puisqu’une large majorité d’entre eux (67%) dépassent également le tarif de l’Assurance maladie, pour un dépassement moyen de 13 euros. Viennent ensuite les anesthésistes, pour lesquels le dépassement moyen dépasse, là encore, la dizaine euros.
Ces chiffres n’étant que des moyennes nationales, la note est susceptible d’être encore bien plus élevée selon les territoires. Comme le souligne UFC-Que Choisir, la consultation d’un même spécialiste peut s’avérer «jusqu’à 2,5 fois plus onéreuse d’un département à l’autre». C’est à Paris que les patients risquent d’avoir le plus de mauvaises surprises, puisque la capitale figure en tête des dépassements, suivie par le reste de l’Île-de-France et les départements du Sud (Alpes-Maritimes et Var notamment). Ainsi un patient désireux de consulter un anesthésiste peinera à s’en tirer à moins de cinquante euros d’honoraires s’il se trouve dans les départements des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne, de la Somme de la Haute-Saône, ou bien à Paris.
De manière générale, dénicher un médecin spécialiste de «secteur 1» – qui ne pratique pas de dépassement d’honoraire – s’apparente à un parcours du combattant dans certaines localités. Pour remédier à cet éloignement croissant du tarif conventionnel, Que Choisir demande «la fermeture de l’accès au secteur 2 (à honoraires libres) pour les nouveaux arrivants». L’association souhaiterait que les nouveaux médecins n’aient d’autre possibilité de dépassement que celles comprises dans le cadre du dispositif «Optam» qui autorise des dépassements d’honoraires plus limités que le «secteur 2». Le praticien en Optam est par exemple tenu de conserver une des honoraires conventionnels pour une partie de sa patientèle.