Au sujet de la guerre en Ukraine et dans le contexte de la récente conférence de Munich, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères et Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, notamment de la Défense, ont publié mercredi une déclaration conjointe. «Face au développement de la crise due à l’invasion de l’Ukraine et à des menaces récentes», les deux figures de la présidence de François Mitterrand demandent «un débat politique sur le fond» et mettent en garde contre «un engrenage que nous ne maîtrisons pas».
Pour les deux anciens ministres, c’est au Parlement de «se saisir» pour engager un tel débat. Védrine et Chevènement citent notamment l’accord signé entre la France et l’Ukraine, vendredi dernier, et l’apparition d’un débat public sur l’«européisation de la dissuasion» nucléaire, apparu notamment dans les échanges à la conférence de Munich. «C’est affaire de démocratie», soulignent-ils. La France se doit de «prendre des décisions importantes», et est à l’aune d’«échéances qui seront difficiles», préviennent-ils.
Hubert Védrine et Jean-Pierre Chevènement s’inquiètent également des récentes déclarations de Donald Trump sur l’Otan. Celui-ci a déclaré le 10 février dernier que, s’il était élu, l’Otan ne protégerait pas un pays allié qui ne respecterait pas les directives en matière de dépenses de défense. «Non, je ne vous protégerais pas. En fait, j’encouragerais la Russie à faire ce qu’elle veut. Vous devez payer», affirmait-il. Une déclaration qui remettrait en cause un article fondamental de l’Alliance Atlantique, l’article 5, qui stipule que «tous les États membres doivent venir en aide à un pays attaqué». «[Les États européens]doivent mesurer la portée de telles décisions», mettent en garde Chevènement et Védrine.
Le 1er février dernier, les dirigeants européens se sont accordés sur une nouvelle aide de 50 milliards d’euros accordée à l’Ukraine, mais l’aide américaine de 60 milliards de dollars, elle, est toujours bloquée au Congrès. Cette perspective incertaine s’ajoute à l’enlisement des forces sur le front militaire et à la lassitude de l’opinion. Un récent sondage du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) et de l’Ifop montre ainsi le pessimisme des Européens sur l’issue de la guerre. Un récent sondage de l’hebdomadaire La Tribune, le 17 février, montre toutefois que la majorité des Français disent être toujours favorables à la poursuite de l’aide à Kiev.