Pour certains, ce France-Italie constitue l’affiche idéale pour faire le plein de confiance et se relancer après une entame de Tournoi poussive. Pour d’autres, au contraire, c’est le risque de bafouiller de nouveau son rugby face à l’équipe la plus faible de la compétition et, ainsi, de céder un peu plus aux doutes avant deux rendez-vous beaucoup plus pimentés, le XV du Poireau à Cardiff, puis l’Angleterre, en clôture de ce Six Nations, le samedi 16 mars à Lyon. Et pour Fabien Galthié ? « Pour nous, il n’y a pas de différence. Un Tournoi des six nations, c’est un enchaînement de matchs. C’est comme un 400 mètres. On démarre en sprintant et on accélère dans chaque virage. Et, en face, c’est pareil », résume le sélectionneur.
Alors ? Mieux vaut, pour leur tranquillité d’esprit, que les Bleus assurent face à l’Italie ce dimanche (coup d’envoi 16 h) dans une rencontre délocalisée à Lille – travaux olympiques du Stade de France obligent – et sous cloche, le toit du stade Pierre-Mauroy étant fermé pour se protéger des averses annoncées. Un détail qui n’a rien d’anecdotique. À l’abri de la pluie et du vent, les conditions seront propices au jeu. Pour une performance espérée plus proche du 60 à 7 (un écart record en 48 confrontations) de la dernière Coupe du monde que du brouet du Tournoi 2023 à Rome (24-29).
Avec la fougue de la jeunesse, Louis Bielle-Biarrey, contraint de déclarer forfait samedi victime d’un torticolis, a livré un secret. Les Bleus travaillent à reproduire leur master class de l’automne dernier. « C’est un super souvenir, s’est enflammé l’ailier de l’UBB, sauveur de son équipe en Écosse il y a deux semaines. On avait pris le match par le bon bout et ça s’était très bien passé. On s’appuie beaucoup sur cette performance pour en reproduire une similaire… » Une ambitieuse envie que François Cros partage évidemment, mais en veillant à se montrer moins catégorique. « Je sais que l’Italie ressemble pour beaucoup de gens à l’adversaire idéal. Mais nous nous méfions. Ils ont réussi un bon début de Tournoi contre l’Angleterre (défaite sur le fil 24-27, NDLR) et ont tenu presque une heure face à l’Irlande avant de craquer (36-0). En plus, ils adorent jouer contre nous », rappelle le Toulousain, déplacé au centre de la troisième ligne tricolore en l’absence du capitaine Grégory Alldritt, forfait pour ce derby latin.
Une mise en garde relayée par son sélectionneur. « On connaît leurs qualités. Les Italiens vont nous imposer un gros combat. Et ce n’est pas un hasard si Gonzalo (Quesada, le nouveau sélectionneur de la Squadra Azzurra) aligne beaucoup de joueurs évoluant en France. Ils vont être déterminés à sortir leur meilleur rugby… » Il est certain qu’Ange Capuozzo, Paolo Garbisi et autres Martin Page-Relo brûlent de jouer un vilain tour à leurs partenaires toulousains, toulonnais ou lyonnais. En profitant, par exemple, des faiblesses actuelles du XV de France, entre défense anémiée, touche à la dérive et abonnés absents à la réception des ballons hauts. Ça fait beaucoup de secteurs à réparer en urgence pour, comme le répètent les Bleus depuis le début de la semaine, renouer avec la confiance. « Les joueurs ont été touchés par la large défaite contre l’Irlande, confie le nouvel entraîneur de l’attaque tricolore, Patrick Arlettaz. Dès qu’un peu de doute s’immisce, tous les rouages en prennent un coup. Il y a des petits retards tout le temps et, à ce haut niveau, c’est préjudiciable, ça empêche tout. On a besoin de confiance pour refaire les choses avec spontanéité et vitesse. »
Gagner sans la manière face à l’Italie suffirait-il à en remplir le réservoir, percé depuis l’élimination par l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe du monde ? Pas certain. « Bien sûr que nous voulons, que nous avons envie de faire plus, réplique Fabien Galthié. Nous sommes toujours aussi ambitieux. Mais nous sommes dans une période de résilience et elle se construit étape par étape. En se structurant autour de principes simples, bases de ce jeu : la solidarité, l’engagement, le courage. Et le cœur des hommes. Mais, franchement, je pense qu’il n’y a pas plus exigeants que nous envers nous-mêmes. Nous sommes sans concession sur nos retours, mais les critiques restent entre nous. Et on ne veut pas jouer mieux pour faire plaisir aux journalistes. On veut jouer mieux parce que nous sommes l’équipe de France et que nous voulons porter haut nos couleurs. » Pour cela, il n’y a pas d’autre issue qu’une victoire nette et convaincante face à l’Italie. Adversaire idéal ou non.
(UNE RÉFÉRENCE)
Le XV de départ face à l’Italie : 15. Ramos – 14. Penaud, 13. Fickou, 12. Danty, 11. Lebel – 10. Jalibert, 9. Lucu – 8. Cros, 7. Ollivon (cap), 6. Pa. Boudehent – 5. Tuilagi, 4. Woki – 3. Atonio, 2. Mauvaka, 1. Baille.Remplaçants : 16. Marchand, 17. S. Taofifenua, 18. Aldegheri, 19. R. Taofifenua, 20. Roumat, 21. Abadie, 22. Le Garrec, 23. Moefana.