Un saut dans le grand bain. Ce mercredi soir à Paris, Léon Deffontaines s’est offert son premier meeting d’envergure au gymnase Japy, une des grandes maisons de la gauche parisienne. Un peu plus d’un millier de fidèles militants communistes sont venus soutenir leur tête de liste qui, à 28 ans, compte peser dans l’avenir du parti, et faire partie de cette nouvelle génération montante à gauche. D’après les sondages, la marche semble encore un peu haute pour devenir député européen en juin prochain. Dans un espace à gauche déjà saturé par les listes, la sienne peine à percer et reste créditée entre 2 et 3% des intentions de vote. Faire mieux que les 2,49% de Ian Brossat en 2019 serait donc déjà perçu comme une mission accomplie.

Léon Deffontaines a pu compter sur les envolées de Fabien Roussel pour chauffer le gymnase. Le secrétaire national du PCF connaît bien les lieux. Il y avait fait résonner sa voix lors de sa campagne présidentielle de 2022. «Nos députés européens diront stop, on ne distribue plus d’argent public aux groupes qui distribuent des dividendes. Terminé! Nos députés européens se battront pour tous les salariés d’Europe, pour indexer tous les salaires sur l’inflation», a promis Fabien Roussel.

Au pupitre, Léon Deffontaines a lui défendu sa vision très euro-critique, dénonçant une UE aux mains de la «bureaucratie», des «technocrates» et des «libéraux». Le communiste a déploré «cette Europe qui détruit l’avenir de millions de jeunes» en mettant «les travailleurs en concurrence» et qui «délocalise nos entreprises». Pour lui, «cette bureaucratie de Bruxelles n’est bonne qu’à imposer des normes et n’a que faire des nations». «Qu’elle crève cette Europe !», a-t-il martelé. Sans citer le nom de son concurrent Raphaël Glucksmann, la tête de liste en a profité pour épingler les «socialistes européens» qui «votent mains dans la main avec Mme Von Der Leyer le retour de l’austérité».

Le communiste s’est également moqué des «euro-gagas» qui «disent chaque jour que l’Europe est une chance», au prétexte des seuls programmes Erasmus. «L’Europe a attaqué nos services publics, mais ne vous inquiétez pas, on a Erasmus. L’Europe a augmenté nos factures EDF, mais ne vous inquiétez pas, on a Erasmus», a-t-il raillé. «Qu’ils aillent le dire aux ouvriers de Whirpool, à ceux de Metex chez moi à Amiens!» En enchaînant : «Nous, nous voulons bâtir une autre Europe. Un Europe qui protège les travailleurs, en permettant l’augmentation des salaires et des retraites et la baisse des factures».

Pour se démarquer dans cette campagne, Léon Deffontaines a également interpellé Jordan Bardella en lui proposant un débat. «Où il veut, quand il veut», a-t-il lancé au représentant du Rassemblement national, donné largement en tête dans les sondages. «Projets contre projets, ce sera autre chose que contre Valérie Hayer», a ironisé le communiste en référence à un précédent débat entre la candidate macroniste et celui du RN. «On verra qui défend le mieux les travailleurs de ce pays. Je suis prêt à lui montrer qu’il est un menteur, qu’il trompe les Français et qu’il n’a aucune réponse à donner face à la colère sociale qui gronde dans notre pays», a-t-il lancé.

Convaincu que le film de ces européennes n’est pas encore fini, Léon Deffontaines a dit «tendre la main aux électeurs de gauche, à ceux qui hésitent». «Je souhaite vous dire qu’entre les outrances de Jean-Luc Mélenchon et le libéralisme de Raphaël Glucksmann, je suis fier d’être à la tête d’une large liste de rassemblement de la gauche, celle de la gauche unie pour le monde du travail», a-t-il affirmé. En concluant : «Il nous reste 25 jours, 25 jours pour convaincre les Français».