Le pavillon 1 du Salon de l’agriculture a retrouvé sa quiétude dimanche matin, vingt-quatre heures après les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Mais les stigmates sont toujours bien visibles sur les visages tirés des éleveurs bovins. Entre deux groupes de parole, François-Xavier Bellamy, la tête de liste des Républicains(LR) pour les européennes, s’est « désolé » des heurts et a pointé la responsabilité d’Emmanuel Macron. « Le rôle du président est de nous unir, pas de nous diviser », a-t-il appuyé, en jugeant que la venue du chef de l’État était « une provocation ».

« Comment ne pas entendre la colère des manifestants quand on les met sur le même plan que des groupuscules qui attaquent leurs exploitations ? », s’est interrogé le candidat de la droite. L’allusion cible les deux conseillers élyséens qui ont évoqué devant la presse une participation du collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, avant de rétropédaler. La nouvelle avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché une menace de boycott de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs.

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Aux côtés de François-Xavier Bellamy, Céline Imart, agricultrice de 36 ans et numéro deux sur la liste LR, a qualifié le président de « pompier pyromane ». Entre deux échanges avec Rory Kockott, ex-demi de mêlée du Castres Olympique, la Tarnaise a jugé que « les agriculteurs ont voulu faire entendre leur parole ». « Emmanuel Macron a alimenté les mouvements de violence en voulant entrer coûte que coûte, lance la céréalière. Vouloir à tout prix entrer dans le salon et fermer les halls était la provocation de trop. »

Un discours adoubé par François-Xavier Bellamy. « Céline Imart connaît la réalité des agriculteurs. On a besoin de ce savoir pour comprendre les priorités d’une France agricole. » Les colistiers ont ensuite évolué dans les allées et posé pour quelques photos en attendant de déambuler plus longuement, lundi après-midi, aux côtés du patron de LR, Éric Ciotti. La droite souhaite privilégier les échanges avec les représentants des syndicats et les filières agricoles. Une volonté d’occuper le terrain face à l’omniprésence des camps Macron et Le Pen en ce début de salon ? « Macron veut avoir le RN en face de lui, martèle François-Xavier Bellamy. On voit bien qu’il tente de les mettre au centre de l’attention, alors que le RN est pourtant absent au Parlement européen. »

La probable nomination de la dirigeante du groupe centriste Renew au Parlement européen, Valérie Hayer, pour mener la liste macroniste a été qualifiée d’« intéressante » par l’élu LR. « Je n’ai rien de personnel contre elle », assure-t-il. Tout en veillant à rappeler que cette fille et petite-fille d’agriculteurs d’une ferme de Saint-Denis-d’Anjou (Mayenne) a voté « contre les principaux textes en faveur de l’agriculture » au Parlement européen.

À plus de trois mois du scrutin européen, qui aura lieu le 9 juin prochain, la tête de liste LR assure ne pas s’inquiéter de sa position, lui qui est donné autour de 8 % dans les enquêtes d’opinion. Pour lui, « la campagne n’est pas encore commencée », car « les Français ne sont pas encore concentrés sur les élections ». Avant d’émettre une forme de présage : « Peut-être que le salon sonnera le lancement de la campagne ? » Sans s’avancer sur le parti qui tirera profit de cette séquence.