Lors de sa visite samedi dernier au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a annoncé deux mesures supplémentaires pour soutenir les agriculteurs : l’instauration de «prix planchers», censés assurer un meilleur revenu aux producteurs, et un plan d’urgence pour la trésorerie des exploitations plus fragiles. Sur ce second point, le gouvernement n’entendait pas perdre de temps : les ministres Bruno Le Maire (Économie), Marc Fesneau (Agriculture) et Olivia Grégoire (Entreprises) ont réuni ce mardi à Bercy les représentants des banques françaises pour avancer sur ce sujet.

À l’issue de la réunion, Bruno Le Maire a tout d’abord rappelé lors d’un point presse qu’ «un recensement détaillé des exploitations agricoles en difficultés financières» allait être lancé «dans les heures qui viennent». Cette mission a été confiée aux conseillers départementaux de chaque territoire, a précisé le ministre de l’Économie et des Finances. «Il s’agit de faire le recensement des exploitations en difficulté sur l’échelle du territoire. Ce recensement a démarré», avait indiqué plus tôt ce mardi Gabriel Attal sur RTL.

Une fois ces exploitations agricoles recensées, celles-ci pourront avoir accès à deux nouveaux dispositifs bancaires d’aide. D’une part la possibilité «d’avoir un différé de paiement d’un an de leur dette bancaire», et d’autre part «un rééchelonnement de trois ans de cette dette bancaire», a détaillé le locataire de Bercy devant la presse. Ce rééchelonnement sur trois ans pourra se faire «après une franchise d’une année», et «concerne les prêts en cours», a précisé Nicolas Namias, président de la Fédération bancaire française (FBF). À cela s’ajoutera, pour les agriculteurs ayant besoin de davantage de trésorerie, la possibilité de contracter «un prêt à taux préférentiel, qui serait compris entre 0 et 2,5% en fonction de la situation des exploitations», a ajouté Bruno Le Maire.

Enfin, les agriculteurs pourront avoir accès au prêt garanti par l’État, prévu dans le projet de loi de finances 2024 et d’un montant de 2 milliards d’euros, plus tôt que prévu. Alors qu’il devait être disponible dans le courant du mois de juillet 2024, il sera finalement disponible dès le 1er mai, a annoncé le numéro deux du gouvernement. Ce prêt sera ouvert à «toutes les exploitations agricoles qui en ont besoin», «qui ont besoin de s’adapter, d’acheter du matériel agricole, d’investir, de verdir leur exploitation», a expliqué Bruno Le Maire.

Le gouvernement a donc eu gain de cause, lui qui espérait que les banques acceptent de mettre à la main à la poche pour aider les agriculteurs, dans le contexte de grogne du secteur. «Je remercie les banques françaises qui ont joué le jeu», a insisté Bruno Le Maire ce mardi. «Je souhaite que les banques jouent davantage le jeu, qu’elles formulent des propositions en termes d’ouverture de crédits et de taux d’intérêt pour tous les paysans français. Aujourd’hui, nous n’y sommes pas», avait affirmé lundi Bruno Le Maire dans Les Échos, mettant la pression sur les établissements bancaires.

ÉCOUTEZ NOTRE PODCAST

Un appel du pied reformulé par Gabriel Attal mardi matin en marge du Salon de l’agriculture. «Nous voulons mobiliser l’ensemble des acteurs. On a beaucoup poussé les banques pour les mobiliser et pour certaines il n’a pas fallu les pousser beaucoup car elles sont déjà engagées avec nos agriculteurs. Le Crédit mutuel, le Crédit agricole ont déjà annoncé des prêts à taux zéro ou à 2% pour soutenir nos agriculteurs.» Le premier ministre avait également rappelé que des aides d’urgence en trésorerie avaient d’ores et déjà été versées à certains agriculteurs, pour un total de «10 millions d’euros».