Mardi 12 février, le réalisateur Denis Villeneuve s’excuse et cherche ses mots. Après une semaine de promotion qui l’a emmené, avec ses acteurs anglophones à Los Angeles puis à Mexico, la caravane Dune II fait halte par Paris. La fatigue et le décalage horaire aidant, son français joue à cache-cache. Mais pas son sens de l’humour, ni son émerveillement. Le plaisir de replonger dans l’univers foisonnant et ésotérique de Frank Herbert reste intact, plus de deux ans après la sortie du premier volet des pérégrinations du noble Paul Atréides, incarné par Timothée Chalamet, sur la planète désertique et hostile Arrakis. Un retour que les amateurs de SF vont découvrir en salle dès ce mercredi.
«Comme tous les cinéastes, quand je finis un film, je ne vois que les erreurs, donc l’idée c’est de m’améliorer. La réception positive du premier film nous a encouragés à continuer. Ce qui m’a donné l’énergie de revenir sur Arrakis, c’est la possibilité de revisiter le monde que nous avions bâti et de le faire encore mieux», plaide le cinéaste québécois que Le Figaro a rencontré quelques minutes en tête-à-tête.
Après avoir soigneusement disposé ses pièces sur l’échiquier, Denis Villeneuve en dévoile toute son ampleur dans ce second volet. Sans renier l’atmosphère contemplative et méditative qui avait fait sa force, le réalisateur entre dans la réalité de la guérilla (et bientôt de la guerre) qui oppose Paul et les nomades Fremen à l’empire et ses affidés les Harkonnen.
Dune II élargit le cercle de ses antagonistes. Parmi les nouveaux venus, Austin Butler sous les traits du psychopathe héritier Harkonnen, Feyd-Rautha. Pour se glisser dans la peau diaphane de ce guerrier machine de guerre, l’Elvis Presley de Baz Luhrmann a demandé à un coach et ami, issu des forces spéciales des Navy Seals de l’entraîner.
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Devis Villeneuve a aussi recruté la Française Lea Seydoux pour incarner la mystérieuse Lady Margot, une alliée des religieuses du Bene Gesserit. Une surprise pour la comédienne de La Bête. «J’étais à Budapest pour un film quand Denis tournait son premier volet. Je lui ai rendu une visite de courtoisie. Sans réaliser qu’il m’offrirait des années plus tard : un rôle. Mais lorsque j’ai débarqué sur le plateau, je me suis sentie comme chez moi», confie-t-elle lors de la conférence de presse, qui réunit dans le salon du Bristol toute la distribution.
Plus explosif et sanguin, «Dune II montre comment Paul quitte l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte et devenir un meneur. Dune II constitue un avertissement face aux aux figures charismatiques et des dangers du mariage entre la politique et la religion», avertit Denis Villeneuve. Timothée Chalamet a pu explorer un nouveau registre : « Paul Atréides, refuse le destin qui l’attend. C’est une lourde responsabilité dont il ne se sent pas capable. Il se retrouve dans la position d’un étranger qui devient l’élu et qui prend la tête d’une communauté». «Lorsqu’on incarne un personnage qui détient le pouvoir, l’important n’est pas ce vous représentez ou ce que vous dites, c’est plutôt les secrets que vous gardez pour vous, les regards que vous n’adressez pas», observe-t-il.
Ce basculement vers l’action a posé de sacrés défis à Denis Villeneuve, qui multiplie les surprises -comme cette apparition d’Anya Taylor-Joy- et les trouvailles logistiques : «Dans le premier film, il y avait une ou deux séquences qui étaient techniquement ardues. Dans celui-ci, il y en a six ou sept. Cela m’a demandé beaucoup plus de ressources et de préparation». En attendant d’avoir un éventuel feu vert de la Warner pour s’atteler à un troisième volet et imaginer d’autres séquences dantesques, le Canadien et ses acteurs espèrent que ce retour sur Arrakis donnera envie aux jeunes générations qui découvrent Dune de se replonger dans les romans de Frank Herbert.