Envoyé spécial à Brest

«C’est du bonheur. Ça a été très particulier parce que j’ai l’impression que c’était à la fois très long et très rapide. Je me souviens de ce départ fulgurant… On est tous partis au contact dans cette première partie de course qui était super animée avec Tom Laperche notamment. On a fait une super course tous les deux. Je le remercie parce que ça nous a permis de faire un gros écart qui m’a servi ensuite. Après, ça a changé d’univers et c’est devenu une vraie aventure. J’ai dû gérer le bateau, gérer le mauvais temps et les problèmes. Et il y en a eu quelques-uns même si tout le monde pense que tout s’est bien passé pour moi. J’étais venu chercher une aventure et c’est ce que j’ai trouvé. C’est évidemment une grande émotion et même si la course s’effectue en solitaire, il y a tout travail d’équipe derrière moi et sans eux on ne peut rien faire. C’est peut-être ça qui a fait la différence sur ce bateau depuis 2019 et ce bateau je le connais par cœur.»

«Je me sentis super bien sur le bateau, très à l’aise. Je n’ai pas trouvé ça particulièrement dur même s’il y a eu des moments difficiles, plus psychologiquement que physiquement d’ailleurs. J’étais bien en forme. J’avais de l’énergie, sans doute parce que j’étais devant aussi.»

«On savait que ce serait difficile pour ces bateaux de faire le tour du monde. On le sait chez Team Gitana car on a fait deux tentatives de record et on a cassé avant tout les autres. Cela nous a permis de revenir plus fort aujourd’hui avec un bateau qui a des avaries mais qui est quand même en assez bon état. Ce bateau est une légende et son palmarès et légendaire.»

«Mon palmarès a eu un peu de temps à décoller. J’ai rapidement gagné la Solitaire du Figaro mais derrière je n’ai pas réussi à concrétiser mon rêve qui était de faire un Vendée Globe ou la Route du rhum. Il y a eu un peu de frustration. Mais j’ai continué à naviguer et je me suis amélioré au contact des meilleurs. À 40 ans j’ai eu ce premier projet de faire la Volvo Ocean Race que j’ai gagné deux fois. En 2019, je n’avais plus trop de projets malgré ces deux victoires et mon téléphone a sonné. C’était le Team Gitana qui m’a appelé pour être le skipper. La suite vous la connaissez.»

«Participer à ce tour du monde, c’était une évidence et je me suis lancé à 200 % dans l’aventure. J’avais une énergie de dingue au départ parce que 15 jours avant, j’ai eu un problème qui a fait que je ne pouvais plus m’aligner. Tout s’est arrangé, tout le monde m’a soutenu. Je suis parti avec une envie d’en découdre incroyable.»

«Ce qui m’a manqué le plus ce sont mes proches, évidemment les enfants mais j’étais dans ma bulle. Mes deux enfants sont aussi habitués parce que depuis qu’ils sont nés je suis en course. Et la bonne nourriture aussi, ça me manque car j’aime bien manger. Mais j’étais heureux pendant ce tour du monde.»

«C’était la descente de l’Atlantique avec Tom Laperche. Le passage du cap Horn aussi parce que, comme l’arrivée, j’ai eu une météo un peu dingue. Et il y a eu aussi un moment fort quand j’ai déchiré la grand-voile, après le passage du cap Horn. Je me sens coupable car j’ai commis une erreur. Il y a eu un peu de boulot pour éviter d’avoir à m’arrêter. Il y a eu plein de petits problèmes d’ailleurs, les systèmes d’enrouleur qui ont cassé, des soucis d’eau aussi, de foils et de safran. Mais j’ai eu la chance de passer à travers la grosse avarie avec laquelle on ne peut rien faire.»

« Ce bateau, est dingue. Je pense que tout le monde le trouve beau. J’ai la chance de le diriger depuis 2019. Il faut voir confiance dans son trimaran parce que quand le bras avant a cassé, il a réussi à me ramener mais j’ai dû le ménager parce que si j’avais fait n’importe quoi je ne serai peut-être pas là aujourd’hui. Il fallait trouver le bon rythme. C’est un bateau qui a marqué ma vie et qui a marqué l’équipe. C’est un bateau d’exception.»

« Toutes les victoires sont belles mais ma plus grande émotion a été ma victoire dans le Figaro parce que j’étais jeune (25 ans, NDLR). Je ne saurais pas vous dire laquelle fut la plus belle. Il a la Route du Rhum aussi et puis on ne réagit pas de la même manière à 50 ans qu’à 20 ans. Et je n’oublie pas la Volvo Ocean Race, la course la plus dure de ma vie.»

«Quand j’ai perdu Tom (Laperche, NDLR), il y avait eu forcément une forme de soulagement, je dois vous l’avouer. Mais je me suis un peu ennuyé ensuite (sourire). Il me mettait une telle pression et je voyais que son bateau était dans le coup. Il ne lâchait rien et je me suis dit : ’’Mais comment on va faire à cette vitesse dans les mers du Sud.’’»

«J’ai regardé quelques documentaires sur le sport et écouté des podcasts un peu. J’ai lu un livre aussi mais je n’arrivais pas à me déconnecter de la course. J’avais le sentiment que je pouvais me déconcentrer et avoir des problèmes, du coup, j’étais en veille permanente. Finalement je me suis bien amusé quand il y avait du bricolage !»

«Je ne suis pas surpris de l’accueil. J’ai bien choisi ma journée aussi (rires). On a attendu longtemps pour faire une belle arrivée. Brest est une ville qui sait fêter l’histoire de ces bateaux-là, avec les tentatives de records. Merci à eux et merci à vous parce qu’une belle arrivée, c’est une arrivée avec un public.»