Nexity, premier promoteur immobilier français, chutait de plus de 20% à la Bourse de Paris ce jeudi vers 9h20, à 10,61 euros, après avoir annoncé mercredi une réorganisation «en profondeur», dont un plan social pour faire face aux conséquences de la crise historique dans la construction.
«Le groupe a pris la décision d’engager dans les prochaines semaines le processus d’information-consultation des IRP (Instances représentatives du personnel, NDLR), préalable à la mise en œuvre d’un plan de sauvegarde de l’emploi», a indiqué mercredi dans un communiqué Nexity, qui n’a pas encore défini combien d’emplois seraient concernés.
«On va adapter notre entreprise et nos coûts», a déclaré à la presse la PDG Véronique Bédague, ajoutant : «Si on veut produire du logement abordable, il faut qu’on réduise les coûts.» Il suit en cela la branche immobilière de Vinci, qui a annoncé avoir enclenché le processus en vue d’un plan social «précédé d’un plan de départs volontaires».
Les fédérations professionnelles du secteur alertent depuis plusieurs mois à propos des suppressions de postes à venir ou déjà en cours, à cause de l’atonie de l’immobilier neuf. La hausse des coûts de construction conjuguée aux difficultés d’accès au crédit pour les acquéreurs a obligé les grands promoteurs à se diversifier à toute vitesse pour faire face à l’effondrement de leurs réservations.
À lire aussiLe surprenant boom immobilier en Ukraine
Nexity, qui a annoncé au cours de l’année se lancer dans de nouvelles activités (assurance-vie, énergie solaire, conseil en investissement immobilier), ne fait pas exception à la règle. En 2023, ses réservations de logements se sont érodées de 19% en nombre et 24% en valeur, même si, souligne le groupe, c’est mieux que l’ensemble du marché français qui a chuté de 26% en nombre selon la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Son chiffre d’affaires, en repli de 9% à 4,27 milliards d’euros, est légèrement en deçà de son objectif de 4,3 milliards, revu à la baisse en milieu d’année. Le résultat net est resté de justesse dans le vert avec un bénéfice net de 19 millions d’euros contre 188 millions en 2022. Le promoteur renonce également à verser un dividende à ses actionnaires, alors qu’il souhaitait jusque-là leur proposer un versement d’au moins 2,50 euros par action.
Pour pallier les résultats de cette année qu’il qualifie de «point bas», et maîtriser son endettement, le groupe a cédé ses filiales portugaise et polonaise, et veut surtout se délester de sa branche services. Il a annoncé fin 2023 être entré en négociations exclusives avec la société d’investissement Bridgepoint pour lui céder sa branche d’administration de biens (syndic et gestion locative), valorisée à 440 millions d’euros et qui emploie quelque 3.100 personnes, soit plus d’un tiers de ses effectifs. Et il est toujours à la recherche d’acquéreurs pour ses activités de gestion d’immobilier d’entreprise et de distribution.
À lire aussiFaut-il installer des panneaux photovoltaïques sur son toit ?
Nexity a réduit sa dette nette de 820 à 776 millions d’euros et se fixe l’objectif de la faire passer sous les 500 millions fin 2025. Le groupe ne se fixe pas d’autres objectifs chiffrés pour 2024, attendant de voir l’évolution des taux d’intérêt et des politiques publiques, et espérant «un rebond en 2025». «À ce stade, nous restons assez conservateurs», a justifié Véronique Bédague. «Il peut y avoir du mieux, mais personne ne sait dire à quel moment les taux vont baisser, à quelle ampleur».
Outre le plan social, elle a promis une «transformation en profondeur de l’organisation de Nexity et de l’entreprise». Le groupe va fortement décentraliser son organisation, pour «être capable à chaque endroit du territoire, d’imaginer le meilleur mélange de produits», a déclaré Véronique Bédague. Il entend également accélérer son développement dans la «régénération urbaine», c’est-à-dire la transformation d’espaces déjà construits, pour devancer les impératifs légaux de «zéro artificialisation nette».