«Entre, dors, mange et reprends espoir…» Tels étaient les mots de l’abbé Pierre le 1er février 1954. Incitant à la mobilisation et « l’insurrection de la bonté», pour lutter contre l’exclusion via la création de centres d’accueil ou d’hébergement pour les plus démunis. Un élan en phase avec le message humaniste de la Neuvième symphonie de Beethoven, et plus spécifiquement de son Hymne à la joie. Celui-ci résonnera le 13 mars sous la grande halle du Carreau du Temple, à l’occasion du concert anniversaire des 70 ans d’Emmaüs, organisé avec l’Orchestre de chambre de Paris. «Nous l’avons pensé comme un événement solidaire à destination des familles. Mais aussi et surtout avec l’espoir que les populations se rencontrent», explique la déléguée aux actions culturelles de l’orchestre, Amélie Eblé.
«Le partenariat entre notre orchestre et Emmaüs dure depuis une dizaine d’années, se souvient cette ancienne responsable de centre d’hébergement, qui précise que le programme de ce concert anniversaire a été pensé pour mais aussi par des enfants. Nous ferons dialoguer l’Hyme à la joie avec le Va Pensiero de Verdi, autre hymne, à la liberté cette fois. Mais aussi avec des extraits de Carmen qui seront interprétés par le chœur professionnel ‘Les Métaboles et les enfants de la Maîtrise de Paris’. Il nous semblait important que les enfants présents, dont certains seront issus de ces centres d’hébergement, puissent s’identifier aux interprètes qu’ils auront devant eux.»
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Le partenariat entre l’Orchestre de chambre de Paris et Emmaüs a débuté en 2016, lors du projet «Chants migrants», mené avec le compositeur Pierre-Yves Macé (lire nos éditions du 3 mai 2017). Des chants traditionnels avaient été collectés auprès de réfugiés, dont ceux accueillis par l’un des centres Emmaüs, avant leur réappropriation par le compositeur. «Après ce projet artistique qui remporta un vif succès, le mouvement nous a plusieurs fois sollicités pour organiser des concerts après l’ouverture de nouveaux centres, dans l’objectif que la population du quartier et les nouveaux résidents se croisent lors d’un événement festif, et ainsi favoriser leur insertion», poursuit Amélie Eblé.
Un partenariat «à double sens», donc, puisque la formation propose régulièrement à Emmaüs des ateliers, menés par deux ou trois musiciens de l’orchestre auprès des familles hébergées. Un partenariat qui s’est renforcé pendant la crise sanitaire: «Lors des déconfinements, les centres Emmaüs, comme les Ehpad, ont été les premiers lieux choisis pour des concerts en extérieur. Il nous semblait que leurs résidents étaient ceux qui avaient le plus besoin de “reprendre espoir” grâce à la musique.» L’abbé Pierre n’aurait sans doute pas mieux dit.
Concert des 70 ans d’Emmaüs, le 13 mars à 14 h 30 au Carreau du Temple (Paris 3e). www.orchestredechambredeparis.com