Triste nouvelle. Trente ans après la sortie de leur premier album, Definitely Maybe, les frères Gallagher sont toujours brouillés. Liam sort un album vendredi, avec le guitariste John Squire (ex-Stone Roses), et non pas son frère Noel, à qui il ne parle plus depuis 2009, après la séparation tragique d’Oasis dans les coulisses du festival Rock en Seine.
La genèse du groupe de Manchester est à l’image des deux frangins, goguenarde. En 1991, Noel, alors roadie de passage à Munich (il règle les guitares avant le concert) des Inspiral Carpets, appelle sa mère. Demandant des nouvelles de Liam, il apprend que son cadet fait partie d’un groupe. «Je ne savais même pas que Liam écoutait de la musique. À la maison, on partageait la même chambre. Quand lui et ses potes traînaient dehors et faisaient des conneries, je restais à la maison pour fumer de l’herbe et jouer de la guitare (…) il n’avait aucun disque», confie Noel dans le livre Manchester Music City de John Robb.
Liam et son groupe demandent plus tard à Noel de passer aux répétitions. «Comme je ne branlais rien ce jour-là, j’y suis allé». Et le nom du groupe ? Noel avait un poster des Inspiral Carpets avec les noms des villes d’une tournée, dont une escale à l’Oasis, centre de loisirs à Swindon (sud de l’Angleterre). «Je disais toujours à Liam de ne pas choisir ce putain de nom». Qui n’a pas écouté son aîné. Le premier single Supersonic sort le 11 avril 1994. C’est la déflagration. Oasis devient un des piliers de la BritPop.
Tout s’achève par un orage dans les loges, avec une guitare fracassée au passage, juste avant d’entrer en scène au festival Rock en Seine, en 2009, aux portes de Paris. C’est la prise de bec de trop entre les deux frères, qui depuis ne se parlent plus. Les fans des auteurs du tube Wonderwall, sorti en 1995 fantasment à intervalle régulier sur une reformation. Et la perspective des 30 ans de Definitely Maybe a fait couler beaucoup d’encre.
Surtout quand Liam a annoncé une tournée en juin pour reprendre ce premier album sur scène. «Putain, non, il ne va pas le faire», a-t-il lancé, sans prononcer le prénom de son aîné, ce mois-ci au magazine musical Mojo, mettant fin à un faux suspense. «Je l’ai appelé, enfin, mon entourage l’a appelé, on a mis une offre sur la table pour ce truc d’Oasis et il a dit non», a développé le cadet. «C’est une grosse tournée, beaucoup d’argent. Il a décliné. Je ferai le truc de Definitely Maybe et j’aurai du bon temps sans lui», conclut Liam.
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Vendredi, sort donc un nouvel album de Liam, enfin pas tout à fait solo, puisqu’il porte simplement son nom associé à celui de John Squire, guitariste des Stone Roses, groupe de Manchester qui brillait avant l’avènement d’Oasis. «J’ai hâte que les gens écoutent cet album. Je pense que les gens qui sont dans les Stone Roses et Oasis, tout ce genre de choses, vont l’adorer, putain. C’est spirituel, crucial», vante Liam, inimitable, dans un communiqué de presse.
Dans Manchester Music City, il confiait sa fascination pour les Stone Roses, vus sur scène. «J’ai flashé, je me suis pris ça en pleine gueule et je me suis dit, ça me botte, expliquait-il. Ian Brown (chanteur) et John Squire venaient directement de la rue, ils faisaient une musique incroyable et ça me parlait.» Dans le même ouvrage, Ian Brown, le chanteur des Stones Roses est revenu sur la consécration d’Oasis et la filiation avec son groupe : «On était censés être les maîtres et ces gamins qui nous adoraient se sont pointés et nous ont tout piqués pendant notre sommeil, c’est ça la musique et je trouve ça génial».