Nicolas, Vitality est rentré dans sa 11e année d’existence. Quel bilan faites-vous de cette première décennie ?Nicolas Maurer : Le premier point, le plus important, est que nous avons réussi notre objectif, à savoir de faire de Vitality un grand club d’esport. Dix ans après, il n’y a aucun doute sur le fait que nous y soyons arrivés. Vitality fait aujourd’hui partie des plus grands clubs mondiaux. C’est une incroyable réussite et un incroyable parcours. Le deuxième point concerne l’évolution de l’esport comme industrie et écosystème. Cela a incroyablement grandi. Le milieu s’est professionnalisé de manière impressionnante. Cela n’a plus rien à voir avec la situation que nous avons connu il y a dix ans au moment de nous lancer avec «Neo» (Fabien Devide, le cofondateur de Vitality). Et cela continue de grandir d’année en année.

Quand vous vous êtes lancé avec Fabien Devide, imaginiez-vous une telle réussite ?Pour le coup, nous sommes allés plus loin que nos ambitions, et surtout beaucoup plus vite que nous ne le pensions. Pour l’esport en général déjà. En 2013, nous sentions cette passion mais celle-ci ne se matérialisait pas encore en matière de business et d’ampleur. Et pour Vitality aussi. Nous partions avec trois sous en poche et très vite, nous avons réussi à nous imposer comme le meilleur club français. Bien plus rapidement que ce que nous espérions. Globalement, cela a dépassé les espérances que nous avions au début.

Cela a-t-il été dix ans d’une ascension continue ou bien avez-vous dû surmonter de fortes difficultés, de grands doutes ?Cela n’a pas du tout été linéaire et continu. J’imagine que c’est la loi de l’entrepreneuriat qui est fait de haut, de bas, de soubresauts. Et je pense que c’est encore plus prégnant dans l’esport qui est un univers où tout peut changer en un claquement de doigts. Donc oui, il y a eu des hauts et des bas, avec des moments clés. Avant que nous effectuions nos premières levées, c’était très compliqué financièrement. Il y a eu plein de moments où nous nous demandions si nous allions finir l’année en cours. Il y a eu des moments charnières, comme celui d’aller sur League of Legends (LOL) en 2015-2016, ce qui nous a fait complètement changer de dimension. Et puis dans la continuité, fin 2018, nous avons sécurisé notre énorme levée de fonds de 20 millions d’euros tout en intégrant la LEC (sorte de Ligue des champions sur le jeu LOL), une ligue fermée. Si nous n’avions pas été acceptés, nous aurions été de suite déclassés et la suite de l’histoire aurait été différente. Sans cette acceptation, la levée de fonds n’aurait pas eu lieu. Tout s’est joué en même temps, avec tous les doutes forcément liés à l’importance du moment.

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Sur un plan personnel, vous avez lancé Vitality avec Fabien «Neo» Devide. Y a-t-il aussi eu des hauts et des bas entre vous ?C’est une bonne question, comme il est dans la pièce d’à côté, il va m’entendre peut-être (rires). En prenant beaucoup de recul, je peux vous dire que nous sommes toujours aussi soudés. Nous avons un fonctionnement qui marche très bien. Après, au quotidien, il y a des hauts et des bas permanents, des désaccords constants, mais aussi d’innombrables discussions très saines entre nous. Je pense que ce qui fait une partie de notre succès, c’est que nous sommes capables de nous remettre en question. Nous sommes capables d’écouter l’autre, et c’est une chance. Maintenant, si on prend de la hauteur, je ne peux qu’être satisfait de notre relation et de là où elle nous a menés. Je suis toujours hyper heureux de travailler avec «Néo» et tout roule.

Le plus beau moment de ces dix ans est-il à vos yeux le succès lors du Major organisé à Paris en 2023 sur le jeu Counter Strike : Global Offensive ? Oui, très clairement. Il s’agissait de l’un des plus grands titres de l’univers esport sur le plan mondial. C’était notre premier titre en Major, à l’AccorArena de paris devant tous nos fans, avec le meilleur joueur du monde sur ce jeu, Zywoo… Tout était parfait, comme dans un rêve. Maintenant, on a envie de revivre ce type de moment.