Record à battre pour le championnat du monde d’endurance (WEC) : cette saison, ils ne sont pas moins de 14 constructeurs à s’aligner au départ des huit manches de la compétition (dont la première, ce week-end, au Qatar). Sur ces 14 constructeurs, neuf figurent parmi la catégorie – reine – Hypercar qui ne rassemble que des prototypes: il s’agit respectivement de Ferrari, Lamborghini, BMW, Alpine, Peugeot, Toyota, Porsche, Cadillac et Isotta Fraschini. Les cinq autres constructeurs courent en catégorie GT – pour Grand Tourisme -, des voitures de sport à l’origine spécialement reconfigurées pour la course d’endurance. « Cet engouement de la part des constructeurs n’est pas le fruit du hasard, souligne Frédéric Lequien, le directeur général du WEC. Avec ce championnat, les constructeurs trouvent un format qui leur convient, avec à la fois de l’attrait sportif, de la visibilité, un moyen de travailler sur le design des voitures et des budgets raisonnés. » Quand bien même aucun chiffre ne circule officiellement, le budget moyen d’une écurie tourne autour de 25 millions d’euros. À titre de comparaison, on grimpe à plus de 200 millions d’euros en Formule 1.

L’attrait sportif réside pour une bonne part dans la « balance de performances » établie par l’organisation du WEC. En peu de mots, des limites sont fixées pour la puissance, le poids et l’aérodynamisme des voitures, entre autres choses. De telle manière qu’il n’y a pas d’écurie qui domine outrageusement les autres, contrairement à ce qui passe en F1. L’année dernière par exemple, tandis que Toyota est arrivé premier au classement des constructeurs, les 24 Heures du Mans (la course la plus emblématique du championnat) ont été remportées par Ferrari, qui faisait son retour dans la Sarthe après cinquante ans d’absence.

Une autre limite prévue par le WEC concerne le staff, avec un seuil de 25 personnes par voiture à ne pas dépasser. Sachant que ces bolides (avec une vitesse de pointe de 350 km/h pour la catégorie Hypercar) sont un concentré de haute technologie. « C’est bien simple, la course d’endurance a toujours servi de laboratoire aux constructeurs pour tester des innovations qui sont ensuite devenues la norme, continue Frédéric Lequien. Ainsi les feux antibrouillards, les freins à disque, le moteur turbo ou plus récemment l’hybridation ont d’abord été testés aux 24 Heures du Mans. »

Côté agencement du championnat, Frédéric Lequien dirige précisément Le Mans Endurance Management : forte d’une cinquantaine de personnes, la société promoteur du WEC est elle-même une émanation de l’Automobiliste Club de l’Ouest (ACO), l’organisateur des 24 Heures du Mans (dirigé par Pierre Fillon). Les deux sont en relation directe avec la Fédération internationale du sport automobile (FIA), dont dépendent les différentes compétitions (F1, WEC, championnat du monde des rallyes…). Voilà pourquoi l’endurance dispose d’une commission au sein de la FIA, avec Richard Mille, le célèbre horloger, comme interlocuteur de référence.

Quoi qu’il en soit, à charge pour Le Mans Endurance Management d’organiser les huit courses qui se succèdent jusqu’à début novembre (après le Qatar, on passera par respectivement l’Italie, la Belgique, la France, le Brésil, les États-Unis, le Japon et Bahreïn). Frédéric Lequien et ses équipes traitent directement avec les pays hôtes, qui s’acquittent d’un droit d’entrée pour accueillir la compétition. Quant aux droits télé, c’est un partenaire, In Front, qui négocie avec les diffuseurs. « Un phénomène majeur de ces dernières années consiste dans l’essor des réseaux sociaux et on ne s’en plaint pas, reprend Frédéric Lequien. C’est un vecteur en perpétuelle ébullition pour commenter notre actualité. »

Signe supplémentaire que l’audience du WEC ne cesse de croître : ils sont de plus en plus d’anciens pilotes de F1 à croiser le fer en endurance. Et cela pourrait bien susciter des vocations : quand on interroge les champions en devenir, ils ne rêvent plus aussi massivement de Formule 1, conscients des atouts de l’endurance. Parmi les arguments opposés au sport automobile, certains sont récurrents comme l’inflation des émissions de carbone. Sur ce point, le WEC rappelle aussitôt qu’il a systématisé l’utilisation de véhicules hybrides – avec le recours exclusif aux biocarburants. Soit 70% d’émissions en moins par rapport à des voitures fonctionnant avec du fossile.

Cette année, si vous comptiez assister aux 24 Heures du Mans à la mi-juin et que vous n’avez pas encore pris votre place, il est un peu tard. Dès les premiers jours de location, voici quelques semaines, la jauge a été intégralement remplie. Confirmant le statut de grand spectacle populaire des courses d’endurance, capables de fédérer aussi bien des afficionados que des familles entières.