«C’est à 100% une décision de l’entraîneur.» Luis Enrique n’a pas fait durer le suspense bien longtemps. Son choix de remplacer Kylian Mbappé à la mi-temps de Monaco-PSG (0-0), vendredi, lors de la 24e journée de Ligue 1, pouvait interroger. Blessure ? Précaution avant la C1, mardi, à San Sebastian ? Sanction ? Choix sportif après une première mi-temps pour le moins délicate sur le plan collectif pour Paris et à titre individuel, pour Mbappé ?
«Tôt ou tard, nous devrons nous habituer à jouer sans Kylian et en tant qu’entraîneur, mon objectif est de toujours rechercher le meilleur pour l’équipe», a indiqué le coach espagnol, relancé à plusieurs reprises sur ce sujet en conférence de presse. «Je ne vais pas entrer dans ce jeu. Je suis un professionnel et j’ai déjà répondu à cette question. Je ne vais pas la répéter encore une fois. Il n’y a pas de problème. C’est simplement gérer une situation de la meilleure façon possible. Je pense que c’est la meilleure façon», a-t-il indiqué, avant d’ironiser sur une nouvelle question à propos de Mbappé. «C’est un triplé, trois questions, les trois sur le même sujet. La réponse reste la même.» Avant de se présenter devant les journalistes, «Lucho» avait tenu le même discours sur Amazon : «C’est ma philosophie de penser à ce qu’il y a de mieux pour l’équipe et je continuerai à le faire. Je ne veux pas polémiquer».
Rappelons que le coach asturien n’en était pas à son coup d’essai. Après avoir aligné Kylian Mbappé à toutes les sauces et pendant 90 minutes à chaque fois qu’il était disponible depuis le début de saison, «Lucho» a subitement changé son fusil d’épaule. Mbappé remplaçant à Nantes (0-2). Mbappé sorti à la 66e contre Rennes (1-1), alors que Paris était mené. Et donc Mbappé sorti à la mi-temps à Monaco. La raison n’est pas très dure à déterminer : «KM» a annoncé son choix de quitter le PSG à la fin de la saison et de son contrat le 13 février à Nasser Al-Khelaïfi, à la veille du match aller contre la Real (2-0). Sanction ? Le Paris Saint-Germain assure que non.
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Pour l’heure, Luis Enrique prend en tout cas tout sur lui. On se souvient néanmoins que la direction parisienne avait puni le champion du monde 2018 l’été dernier. Écarté pour la tournée en Asie, le Trophée des champions et la première journée de L1, avant la réconciliation, la réintégration. Derrière, Mbappé a fait le boulot. Et Paris a espéré le prolonger. Espoir qui s’est estompé au fil des semaines, jusqu’à la fameuse annonce au président.
Quid de la Ligue des champions ? Luis Enrique pourrait-il de nouveau se priver de Kylian Mbappé, Monsieur un but par match (32 en 32 rencontres cette saison) en cours de partie, voire carrément le laisser sur le banc mardi à Anoeta si l’envie lui en prenait ? «Je suis certain qu’il est prêt à aller en C1 sans Mbappé. S’il doit s’en priver il s’en privera», nous expliquait l’ex-Parisien Greg Paisley, consultant beIN SPORTS, avant Monaco-PSG. «Oui, il pourrait… si les consignes viennent d’en haut. Mais de lui-même, je ne pense pas, estimait pour sa part Fabrice Pancrate, lui aussi passé par Paris. Attention : si tu fais le malin en ne faisant pas jouer le joueur et que ça devait mal se passer à Saint-Sébastien, ça peut mal tourner… Il sera toujours temps d’expliquer je ne sais quoi : c’est lui qui est sur le banc et qui sera jugé. Le sportif dépend du sportif.» Réponse mardi soir aux alentours de 19h45 avec la compo de départ…
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En attendant, le choix de traiter de la sorte un joueur comme Mbappé, champion du monde, capitaine des Bleus et meilleur buteur de l’histoire du club (244 buts), peut interroger. Et comment ! Même s’il est appelé à partir et à tourner le dos à un club qui l’a recruté en 2017 (180 M€) et s’est plié en quatre pour le conserver. Il est en fin de contrat. Il a toujours rêvé de rejoindre le Real Madrid. Et il s’est même, a priori, engagé à rembourser ou verser aux environs de 100 M€ pour que le Paris-SG ne soit pas lésé sur le plan financier. «Surpris de le voir sortir ? Oui, sportivement, il ne faisait pas un mauvais match, il aurait pu avoir des coups à jouer en seconde période, a relevé l’international tricolore de Monaco Youssouf Fofana, sur Amazon Prime Vidéo. Après, c’est le choix du coach, nous, on ne le discute pas».
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Il convient de souligner que, comme face à Rennes, Mbappé a traversé la première période comme un fantôme. Capitaine en l’absence de Marquinhos, il évoluait pourtant à gauche, c’est-à-dire à son poste de prédilection, lui qui est contraint d’évoluer dans l’axe depuis de longues semaines. S’il s’agissait d’un joueur «normal», sa sortie aurait semblé normale. Mais «KM» est tout sauf normal. «Ça fait longtemps que je suis dans le foot, je sais que tout est important dans ce genre de club», souriait «Lucho».
Ponctuellement, l’ancien coach du Barça peut en tout cas se réjouir de constater que son choix s’est avéré payant. Poussif et fébrile, le PSG s’en est remis au talent et à la classe de Gigio Donnarumma, impérial, pour garder sa cage inviolée en première période. Après le break, et surtout à compter de l’heure de jeu, les Rouge et Bleu ont réellement pris l’ascendant. «Après la pause, le match a complètement changé. Pour moi, et pas seulement dans la dernière demi-heure, je pense que nous étions meilleurs que Monaco, nous aurions pu gagner le match. Mais nous aurions aussi pu le perdre en première période… Au final, je pense que le résultat est juste», analyse Luis Enrique.
Au final, Paris sera toujours Paris, avec cette faculté étonnante à créer le drame. Et les conditions de l’échec ? À voir mardi. En attendant, Mbappé a, lui, trouvé intéressant de faire le show à Louis II. Quelques minutes après le début de la seconde période, quand on se demandait encore s’il était blessé, le numéro 7 est réapparu devant les caméras tout sourire, en tenue de ville, baskets aux pieds et téléphone à l’oreille, faisant signe que tout allait bien.
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Le tout avant de regagner le banc ? Que nenni. Celui à qui Luis Enrique avait confié le brassard pour cette rencontre a fait le tour du terrain, saluant les supporters et prenant même la pose pour un selfie avec une hôtesse. Il a ensuite rejoint… sa mère, Fayza Lamari, afin d’assister au second acte de ce choc entre le troisième au classement de Ligue 1 et le leader dans les tribunes ! Lunaire… Une attitude qui n’est pas sans faire penser à celle qui était la sienne cet été, quand il multipliait les bains de foule au Campus PSG pendant sa mise à écart… Mbappé a retrouvé ses partenaires à la fin du match, sur la pelouse monégasque, échangeant notamment quelques mots avec son grand ami Achraf Hakimi. Il a aussi salué l’ancien Parisien Thilo Kehrer, titulaire dans la défense monégasque vendredi. Là encore, il était souriant. On imagine qu’il bouillait intérieurement mais ne l’a pas montré.
Reste à savoir s’il aura encore l’occasion de montrer ses talents avec le PSG. Il est clair que la fin de son aventure parisienne ne sera pas la plus agréable… Mbappé en tribune, loin de l’équipe parisienne ? L’image de la soirée. «Si tout se passe bien, et j’en suis convaincu, on aura une bien meilleure équipe la saison prochaine, assénait Luis Enrique à la veille de ce Monaco-PSG. Je n’ai aucun doute là-dessus. Et ce à tous les points de vue, en défense, devant, physiquement, tactiquement…» Il y a tout de même une saison à terminer. Et trois titres à jouer. Pour le championnat, c’est quasi dans la poche. Paris défiera Nice en quarts de Coupe de France, le 13 mars, et donc la «Champions’» , mardi. Avec Mbappé, ce serait plus simple de rêver, non ?