Un sport qui réunit dans une même équipe des personnes atteintes de handicaps et des valides: depuis plus de vingt ans, le rugby à XIII fauteuil se développe en veillant à préserver sa philosophie inclusive. La discipline, née au début des années 2000 dans l’esprit de passionnés de rugby à XIII, est ouverte aux sportifs valides comme handicapés des membres inférieurs. L’usage des bras est nécessaire.

«C’est le seul sport au monde qui se joue en fauteuil à haut niveau avec des valides et des handis sur le terrain», assure Robert Fassolette, directeur de l’équipe de France, championne du monde de la discipline en 2013 et 2017 et encore vice-championne en 2021.

Première précaution: ne pas confondre rugby à XIII fauteuil et rugby fauteuil. Le second, discipline paralympique aussi appelée «quad rugby», est un dérivé du rugby à XV qui se joue avec un ballon de volley-ball et est réservé à des handicapés physiques atteints des membres inférieurs et supérieurs. Sa version à XIII, elle, se joue avec un ballon ovale, des passes vers l’arrière et des essais aplatis. Hommes et femmes jouent dans les mêmes équipes.

Thomas Duhalde, joueur d’Anglet Aingirak Euskadi et de l’équipe de France, a intégré le club basque en 2014, lorsqu’il a rejoint l’Élite 1, plus haut niveau de la discipline qui réunit six clubs sur la vingtaine évoluant dans le pays. Il s’est mis à ce sport «hyper inclusif» après une rencontre avec son beau-frère, paraplégique. «On est harnachés comme eux, on n’a pas de plus et les handis sont très contents de se mesurer à nous, valides, qu’on puisse faire du sport ensemble», dit-il.

Parmi ses équipiers, Julien Penella, également international, a débuté avec son père, amputé après un accident. «Pas de hasard», pour Cyril Torrès, joueur et manager sportif de l’équipe de XIII fauteuil des Dragons catalans à Perpignan, pour qui «les valides viennent à ce sport pour une histoire familiale ou de cœur».

David Berty, ancien international français à XV et quintuple champion de France avec le Stade toulousain dans les années 1990, a retrouvé les couleurs de son club en 2012, dans l’équipe de XIII fauteuil, après le diagnostic de sa sclérose en plaques et une phase de dépression.

«Pendant cinq ans j’ai vécu avec le fantôme du fauteuil roulant dans ma tête, alors je ne voulais surtout pas me retrouver là-dessus», explique-t-il. «Alors même que je pensais que pour moi le sport, c’était terminé, je retrouve les sensations, cette idée d’inclusion et de vivre-ensemble avec une mixité de handicaps m’a beaucoup plu», dit encore l’ancien ailier.

«L’évolution de ce sport doit continuer pour qu’on en fasse un sport à part entière», défend Cyril Torrès, conscient que la reconnaissance passe souvent par les titres et les performances. Mais il veut avant tout préserver «ce sport inclusif magnifique» face à «l’intensité et la vitesse qui s’élèvent de plus en plus en haut niveau» et qui pourraient priver de jeu certains joueurs handicapés.