Un conflit qui ne date pas d’hier. Depuis samedi 2 mars, le réalisateur de La Haine publie des vidéos sur les réseaux sociaux pour proposer «un combat de boxe anglaise en trois fois trois» à Saïd Taghmaoui, l’un des acteurs emblématiques de ce film de 1995. Mathieu Kassovitz lui reproche de «baver sur le projet» et de lui «cracher dessus» depuis près de trente ans maintenant.
«Je veux qu’on règle nos problèmes en public parce que “La Haine” est un film public», lance le réalisateur, pot de Nutella vide à la main, dans une première vidéo publiée samedi. Et quoi de mieux qu’un combat de boxe anglaise pour régler ses comptes ? Selon Mathieu Kassovitz rien du tout. C’est même l’occasion idéale pour lui de montrer ses talents de boxeur amateur, déjà mis en avant en 2017, au centre international de Deauville.
En plus d’un combat, le réalisateur propose à Saïd Taghmaoui de lui racheter, pour 5000 euros, les tee-shirts collector de La Haine que ce dernier est en train de revendre pour aider un orphelinat dont il est le parrain. «Je vais te péter toutes tes dents, même ta gomina elle va retourner dans sa boîte […] Ras le cul que tu parles mal de nous, que tu racontes de la merde, poursuit Mathieu Kassovitz. Tu as réussi à diviser un truc qui à la base était quelque chose de fort. Une fois que je t’aurais mis KO, je te prendrai dans les bras et je te donnerai tout l’amour que je te dois effectivement.»
En 2021, dans une interview accordée à la chaîne YouTube Oui Hustle, Saïd Taghmaoui, qui n’a pas revu le réalisateur depuis la sortie en salle du film en 1995, affirmait que seul Mathieu Kassovitz touchait encore de l’argent grâce au film. «Je ne fais que sublimer La Haine pour faire comprendre que c’est mon film aussi, que tu le veuilles ou non, c’est mon film, arguait-il. Je suis un des héros de ce film et j’ai participé à l’écriture, à la création de ce truc et tu ne vas pas m’enlever ma part !»
Mais cette fois, l’acteur n’a pas réagi. Son silence a poussé Mathieu Kassovitz à poster une nouvelle vidéo. «Saïd, ça fait 24 heures. Qu’est-ce qu’il se passe ?, lance-t-il face caméra, alors qu’il se brosse les dents en caleçon. Réponds parce que tout le monde est au courant, tu vas vraiment avoir l’air d’un con.»
Vingt-quatre heures plus tard, n’ayant toujours pas de réponse à sa proposition, Mathieu Kassovitz publie une troisième vidéo. Pour démarrer son sketch, le réalisateur prend un air épuisé, presque dépité. «Je suis inquiet, ça fait 72h qu’on te cherche. J’ai envoyé des sous-marins sous la mer, des avions dans les airs, des émissaires sur la terre mais on te trouve pas. La France entière attend ta réponse».
Cette fois, pas de menaces mais des leçons de morale. «T’es vide, t’es faux, c’est dommage parce que t’étais un mec mortel quand je t’ai connu, poursuit le réalisateur de 56 ans après avoir annoncé qu’il n’y aurait malheureusement pas de combat. Donc je vais te laisser tranquille, on va arrêter, moi j’ai autre chose à foutre que me mettre tous les matins dans des mises en scène de merde où je dois être drôle.» Mathieu Kassovitz remercie ses fans pour leur «participation à cette leçon de vie».
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Mathieu Kassovitz n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Il s’est aussi exprimé lundi sur les violences sexuelles qui agitent le cinéma français ses dernières semaines. «Moi, je me suis fait mettre des mains au cul, j’ai mis des tartes dans la gueule, confie-t-il sur RMC. Les gens doivent faire ce que j’ai fait, ce que j’ai dit, quand j’ai dit “non” à un agresseur qui n’a jamais recommencé.» Le réalisateur appelle également les femmes à se battre, mais surtout à se défendre, de la même façon que lui. «Il ne faut jamais baisser les yeux. Si quelqu’un met une main au cul dans la rue, la femme se retourne, met une claque, et si le gars bouge une oreille, un passant protège, affirme Mathieu Kassovitz. C’est ce que j’apprends à mes filles. Si quelqu’un met une main au cul, je leur dis de taper, elles se feront peut-être frapper ou taper en retour, mais on calculera après.»